Thomas RIBOULET
Une plaque commémorative en pierre d’Euville a dernièrement été installée à Novéant-sur-Moselle à côté de la stèle des Convois de la Souffrance dans le cadre du 80ème anniversaire du passage du sinistre Train de la Mort dans la commune.
Scellée sur un rocher taillé dans la même pierre calcaire blanche de Meuse, la plaque rappelle le passage dans la nuit du 3 au 4 juillet 1944 du Train de la Mort à Novéant-sur-Moselle. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une centaine de trains de déportés sont passés par la gare de marchandises de Novéant-sur-Moselle. Parmi eux, le convoi 7909, appelé « Convoi de la Mort » car plusieurs centaines des 2 152 déportés qu’il transportait y périrent, arrive le lundi 3 juillet 1944 au soir en gare de Novéant. Parti le 2 juillet 1944 du camp de Royallieu à Compiègne à destination du camp de concentration de Dachau près de Munich, le train avait roulé lentement. Il dût s’arrêter à plusieurs reprises en raison notamment de sabotages sur la voie. Près de cent personnes sont nues et entassées dans chacun des 22 wagons du convoi prévus pour transporter quarante hommes. Les déportés, la plupart des Français qui sont juifs, résistants ou opposants au régime nazi, sont privés d’eau et de nourriture, alors même que les températures dépassent les 30°C. 406 ont déjà succombé pendant le trajet avant d’arriver à Novéant. Les wagons sont passés en revue pour déterminer le nombre de survivants. Une odeur de putréfaction entoure le convoi 7909 qui reste stationné toute la nuit du 3 au 4 juillet sur les quais de la gare de marchandises de la commune. Le Train de la Mort arriva finalement à Dachau le 5 juillet 1944.
Il faut bien comprendre que Novéant est à cette époque la porte d’entrée du IIIème Reich. Le site ferroviaire, qui a pris la dénomination de Neuenburg in Lothringen, est une gare impériale depuis la première Annexion. Les trains de déportés s’y arrêtent s’il reste de la place entre les convois militaires et de ravitaillement. Sinon, ils sont stationnés en amont, au niveau d’Arnaville ou de Pagny-sur-Moselle. Après la gare frontière de Novéant, les équipes de cheminots sont allemandes. Les déportés étaient sortis des wagons à coups de crosse pour être recomptés. Depuis inutilisée, la gare de marchandise de Novéant a été détruite il y a quelques années par Réseau Ferré de France pour laisser place à une zone d’activités économiques et artisanales, ainsi qu’à une caserne de pompiers.
Plusieurs éléments entretiennent cependant la mémoire du passage des convois de déportés et du Train de la Mort à proximité des voies de chemin de fer à Novéant-sur-Moselle. En plus de la plaque commémorative récemment installée, la stèle des Convois de la Souffrance rend hommage depuis 2016 aux déportés de la Seconde Guerre mondiale et témoigne des souffrances subies dans le Convoi 7909 en juillet 1944. Sculptée en pierre d’Euville par le Messin Denis Mellinger, elle représente un déporté décharné et nu, les bras repliés sur son torse, devant ses effets personnels qui jonchent le sol. A noter enfin que non loin de là, en bordure du Canal de la Moselle, la Hall Donald-J.-Briggs porte le nom du soldat américain de la 5ème Division US, mort le 10 septembre 1944 pour libérer la commune.
Les trains de la mort entraient dans le Reich en provenance du camp de transit de Drancy, via Bobigny, par la gare frontalière de Novéant-sur-Moselle. Les rares habitants du village qui n’avaient pas été expulsés par les Nazis n’avaient pas le droit de regarder ce qui se passait sur les quais, sous peine de représailles. L’ouverture des wagons donnait lieu à des scènes d’épouvante lorsque des cadavres de déportés tombaient sur les voies. Les gardiens et les SS (Schutzstaffel pour échelon de protection) avec leurs chiens mataient toute tentative d’évasion.