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Fête du 14 juillet en Lorraine

14 juillet à Metz (Crédits photo : Ville de Metz)

Comme on le sait, la véritable Fête Nationale lorraine a lieu le 5 janvier, date anniversaire de la Bataille de Nancy et de la victoire du Duc René II contre les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire. Pourtant, dans nos agendas, on trouve mention d’une autre fête nationale, en date du 14 juillet. Il s’agit, bien entendu, de la fête nationale française qui, en Lorraine, a longtemps reçu un écho tout particulier.

Contrairement à ce que beaucoup de Français pensent, la fête nationale ne célèbre pas la prise de la Bastille par le peuple parisien, survenue dans l’après-midi du 14 juillet 1789. Non, c’est le 14 juillet de l’année suivante que l’on célèbre chaque année, avec force feux d’artifices et autres bals populaires. Mais alors, dira-t-on, que s’est-il passé de si mémorable le 14 juillet 1790 ?

Un événement solennel et très politique. Il s’agit en effet de la Fête de la Fédération. Le 14 juillet 1790, sur le Champ-de-Mars à Paris, des députés de tous les corps de l’armée, des 83 départements tout récemment créés, la garde nationale de Paris et Sa Majesté Louis XVI communiaient dans un même élan d’apaisement, d’entraide et de solidarité. Tableau idyllique qui ne présageait en rien de la suite des événements.

Fête de la Fédération
Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 au Champ de Mars à Paris

Bien que tardivement annexée au Royaume de France, la Lorraine a fait du 14 juillet une occasion de montrer son attachement aux valeurs républicaines. Cela était peut-être plus vrai encore lorsque, de 1870 à 1918, la partie de la région correspondant à l’actuel département de la Moselle était annexée à l’Empire allemand. Le 14 juillet prenait alors, pour les annexés, des allures de devoir patriotique, d’acte engagé et militant, pour ne dire, résistant.

Paul Durand, dans son ouvrage intitulé En passant par la Lorraine, nous donne une idée de la portée symbolique que pouvait revêtir le 14 juillet, pendant l’Annexion :

« Il y avait aussi les grandes solennités, telle la fête nationale. Des trains bondés charriaient alors les Messins et les Lorrains à Nancy et la région de Saint-Avold et de Forbach n’était pas la dernière à se mettre en route. Pour ces compatriotes, il y avait bien le handicap de la langue, mais que n’aurait-on pas fait pour assister, au moins une fois dans sa vie, au fameux défilé du « 14 Choullié » ! Sur la Place Carnot, les groupes se mêlaient à la foule, lançaient des « vive l’armée » et « vive la France » à pleins poumons, comme électrisés par le souple défilé des fantassins et la marche endiablée des chasseurs. Quel contraste avec le raide et pesant Parademarsch que les Allemands nous offraient à Metz le 27 janvier, où les jambes mécaniques martelaient le sol pendant que la fanfare semblait accompagner un solo de grosse caisse ! »

L’auteur, s’il brocarde aisément les festivités germaniques qui avaient lieu, chaque 27 janvier, à l’occasion de l’anniversaire du Kaiser, témoigne ici de l’attachement des Mosellans aux valeurs républicaines que sont la liberté, l’égalité, la langue et la culture françaises.

Aujourd’hui, bien plus rares sont ceux qui assistent, le 14 juillet, aux défilés militaires. La fête nationale est devenue, pour beaucoup, synonyme de feux d’artifices et de bals populaires. Il y en a toujours qui disent, devant ces explosions de couleurs, que ce sont nos impôts qui partent en fumée. Et alors ! Si cette fête est l’occasion de transmettre, à nos petiots, l’idée de fraternité et de leur montrer la valeur de notre liberté, le 14 juillet n’aura pas été inutile.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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