Thomas RIBOULET
Si elle est aujourd’hui bordée de petits immeubles de trois étages et de maisons avec jardins, la Rue des Fraises, à Metz, rappelle que ce fruit a longtemps été emblématique du Pays Messin.
Cette rue a été aménagée en 1929 sur d’anciennes terres maraîchères, soit vingt ans après le rattachement de Devant-les-Ponts à Metz. Non loin de là et toujours dans le même quartier se trouvent également la Rue des Mirabelles et la Rue des Framboises. Cette dernière a été ouverte en 1954 lors de l’urbanisation de la cité jardin de Devant-les-Ponts. Il faut savoir qu’au XVIIIème siècle, la Ville de Metz offrait des boîtes de mirabelles et des douzaines de framboises en guise de cadeaux à ses hôtes de marques. En effet, la framboise est le seul fruit, avec la mirabelle, à posséder une variété dite de Metz.
Mais revenons aux fraises. L’essor de la culture de celles-ci a véritablement commencé au milieu du XIXème siècle, en particulier à Woippy, mais aussi dans les communes environnantes. C’est la raison pour laquelle on trouve aussi des rues des Fraises à Saulny, dont toutes les familles pratiquaient la culture il y a un siècle, ou encore à Lessy, à Rozérieulles et à Amnéville-les-Thermes. Les fraises, et dans une moindre mesure les framboises, constituaient dans les années 1930 une activité importante pour les maraîchers du Pays Messin dans la Vallée de la Moselle et sur les coteaux. Elles faisaient vivre des centaines de familles. Les fraises avaient remplacé la vigne après les ravages du phylloxéra. A son apogée, la culture de la fraise s’étendait sur plus de 1 230 hectares en Pays Messin, dont 330 uniquement à Woippy. Pendant la première Annexion, le fruit rouge était expédié dans tout l’Empire allemand. A tel point que la gare de Woippy fut construite en 1908 pour favoriser ce commerce. Si un record de production fut établi en 1937 avec plus de 9 000 tonnes, la culture de la fraise commença à décliner après la Seconde Guerre mondiale et dans les années 1960. A tel point que la fraise du Pays Messin ne représente plus aujourd’hui que 0,5 % de la production hexagonale, contre 30 % dans les années 1930. La célèbre Fête des Fraises de Woippy entretien encore ce souvenir.
Vous avez oublié de parler du parfum et de la saveur des fraises que les maraichers vendaient sur le marché central près de la cathédrale; Pour moi ce sont les meilleures fraises que j’ai jamais savourées, en piochant directement dans les jolis paniers rectangulaires en copeaux tressés qui contenaient plus de deux kilos de fruits, de quoi satisfaire là l’envi la gourmandise des enfants que nous étions. la saison des fraises à Metz était, pour moi, le plus belle saison de l’année avec en perspective les vacances d’été toutes proches…
merci pour cet article !