Après plusieurs mois de travail scientifique et de débats menés par le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges, une quinzaine de Grands Tétras ont dernièrement été réintroduits en toute discrétion dans la Réserve Naturelle Nationale du Massif du Grand Ventron dans les Vosges. Le plan de renforcement de l’espèce en grand danger d’extinction prévoie une douzaine de lâchers ce printemps pour une quarantaine d’individus réintroduits.
Capturés dans les forêts du Sud de la Norvège, les premiers coq et poules de bruyères ont découvert leur nouvel environnement vosgien. Au total, quarante Grands Tétras doivent être relâchés chaque année dans les Vosges lors de deux opérations distinctes à différentes saisons et selon différentes méthodes. En cinq ans, un maximum de 200 Grands Tétras doit ainsi être réintroduit, afin de tenter de sauver de l’extinction définitive cet oiseau emblématique du massif vosgien. En effet, la campagne de comptage réalisée au printemps 2023 n’avait permis de recenser que cinq individus.
Ce plan de réintroduction du Grand Tétras dans les Vosges représente un investissement de 200 000 euros par an. Chaque oiseau est géolocalisable pour suivre son évolution et la réussite de l’opération. Les lâchers sont prévus dans la Réserve Naturelle Nationale du Massif du Grand Ventron et dans la Réserve Naturelle Nationale du Tanet-Gazon du Faing. En parallèle, des mesures d’accompagnement sont mis en place pour améliorer l’habitat du Grand Tétras et limiter la fréquentation touristique des zones de réintroduction. Un traitement spécial est ainsi appliqué aux futaies favorables au Grand Tétras. Le coq de bruyère affectionne particulièrement les sapins ayant de grandes branches latérales où il peut nicher l’hiver, les pins sylvestres qui lui offrent de la nourriture, mais aussi les endroits où il y a de la végétation au sol avec par exemple des brimbelles et de l’herbe. En cas de réussite du plan de réintroduction, un élevage pourrait prendre le relais à long terme. A noter que la capture d’oiseaux en Norvège n’aura qu’un faible impact sur la population scandinave de Grands Tétras.
D’autres paramètres sont également à prendre en compte en matière de préservation du coq de bruyère comme le dérèglement climatique et la diminution de l’enneigement dans les Vosges qui favorise l’arrivée des sangliers en montagne. Mais l’expérimentation menée ici va au-delà du Grand Tétras. En effet, même si celui-ci venait à disparaître complètement du massif vosgien, les aménagements réalisés en forêt sont également favorables à d’autres espèces à l’image de la bécasse ou de la gélinotte. La réintroduction du Grand Tétras dans les Vosges repose notamment sur le cycle naturel de reproduction de l’espèce à cette période de l’année, ainsi que sur sa plasticité d’adaptation. Le coq de bruyère est en effet aussi bien présent en Norvège, qu’en Grèce ou dans les Pyrénées.