Le célèbre tableau Job raillé par sa femme du maître lorrain Georges de La Tour a dernièrement été reproduit sur un mur de 18 mètres de haut et onze de large d’un immeuble situé Rue du Pasteur Boegner à Epinal. 200 bombes d’une trentaine de couleurs différentes ont été nécessaires au street artiste italien Andréa Ravo Mattoni pour réaliser depuis une nacelle cette fresque monumentale.
L’original de ce chef d’œuvre du clair-obscur est à admirer non loin de là au Musée Départemental d’Art Ancien et Contemporain (MUDAAC). Le tableau fait référence au Livre de Job issu de l’Ancien Testament. Celui-ci rapporterait la mise à l’épreuve de la foi de Job. Ruiné et accablé de misères par Satan et par Dieu, Job soulage la brûlure de ses ulcères avec un tesson de poterie posé à ses pieds. Il accepte sa déchéance tout en restant fidèle à Dieu, ce qui étonne sa femme et ses proches. Dans son œuvre, Georges de La Tour utilise un clair-obscur très contrasté pour saturer les couleurs et concentrer la lumière sur la robe rougeoyante, sur l’intensité des regards des protagonistes, ainsi que sur la flamme de la bougie qui symbolise la présence divine.
Selon d’autres hypothèses, le tableau serait en réalité une allégorie de la Guerre de Trente Ans. L’épouse de Job représenterait ainsi la Lorraine pestant et criant sa douleur contre les ravages et les exactions commises durant le conflit. Cette thèse semble accréditée par l’auteur et érudit lorrain Dom Calmet qui atteste que le Livre de Job était très populaire à l’époque. Job était ainsi perçu comme l’archétype du juste. Par extension, il aurait pu être assimilé à une figure de la résistance contre le Mal.
A noter enfin que cette fresque monumentale du chef d’œuvre de Georges de La Tour réalisée par Andréa Ravo Mattoni est la première du futur parcours consacré au street art dans la cité des images. Deux autres fresques sont en effet en projet Rue Saint-Michel et Rue de Nancy.