A la fin du XVIIème siècle, il y avait une forte communauté lorraine à Rome. En effet, au retour de la papauté dans la cité éternelle après son exil à Avignon, les Lorrains ont fait partie des curialistes, ces gens qui travaillaient pour le Pape, notamment parce qu’ils étaient francophones sans être français. La Lorraine était alors un Etat souverain. Les artistes et artisans lorrains se rendaient alors à Rome pour se former auprès des maîtres et s’imprégner des ruines des sites du Colisée ou du Panthéon. L’église Saint-Nicolas-des-Lorrains témoigne toujours de cette présence.
C’est ainsi qu’est née une confraternité mêlant laïcs et clercs, qui s’occupait notamment des jeunes filles à marier en les dotant, ainsi que des intérêts moraux de la communauté. Cette confraternité a quitté l’église Saint-Louis-des-Français pour l’église Saint-Nicolas-in-Agone, située de l’autre côté de la Place Navone.
En ruine, l’église a été reconstruite et placée sous la double protection de Saint Nicolas, le patron des Lorrains, et de Sainte Catherine d’Alexandrie, qui protège les jeunes filles et les veuves nourricières. Initialement entièrement blanche à l’intérieur, l’église a été décorée de 1731 jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, avec des fresques, des peintures et du marbre sur les murs. L’édifice baroque est aujourd’hui choyé par les Amis de Saint-Nicolas-des-Lorrains. Une association de 400 membres qui a son siège à Nancy. Nichée au détour d’une ruelle, l’église est ainsi une merveille de l’art décoratif baroque romain. Elle abrite depuis quelques années une Vierge moulée à Niderviller, rééditée en version blanc et or.
La façade de l’église arbore les armoiries des Ducs de Lorraine et porte une dédicace latine qui signifie : « En l’honneur de Saint Nicolas, la nation des Lorrains ». L’édifice religieux maintient ainsi encore aujourd’hui une présence spirituelle de la Lorraine et renforce les liens pluriséculaires entre la ville éternelle et notre pays.