Nous nous devons d’aborder une question épineuse. Une question insoluble et qui pourrait, en Lorraine, être un mystère aussi profond que celui de la Sainte Trinité. Qui en effet, des cloches ou du lièvre de Pâques, apporte tous ces chocolats ?
En Lorraine romane, la réponse fusera bien vite. On vous parlera de cloches et de rien d’autre. De ces cloches qui, selon la tradition, ne sonnent plus à compter du Jeudi Saint parce qu’elles vont à Rome, avant de revenir chargées de sucreries. En Moselle, on vous parlera de lièvre ou de lapin de Pâques. La coutume des cloches, ici, est presque ignorée. Couramment appelé Oschterhaas en Lorraine germanophone, ce lièvre de Pâques serait une vieille réminiscence d’un culte païen à la déesse Eastre (ou Eostre), divinité de la nature et du renouveau. Son nom, d’ailleurs, aurait donné le mot « Easter » qui, en anglais, veut dire « Pâques » (« Oster » en allemand). On sait que cette déesse était couramment accompagnée d’un lièvre, symbole de fécondité.
Pour d’autres, le lièvre de Pâques serait un symbole lunaire, censé chasser la mauvaise saison et attirer la chance en fécondant les œufs qu’il déposerait dans les jardins. On le voit, la tradition du lièvre de Pâques est confuse et pourrait dater de temps très, très lointains. Evidemment, nous nous garderons bien de trancher ici le débat. Et pourtant, cela faciliterait bien des choses. Car pour les petits Lorrains qui naissent d’un père Mosellan et d’une mère venue de la partie romane de la région (ou l’inverse), les choses sont loin d’être simples. Le gamin ne sait plus si c’est un lièvre ou des cloches qui lui apporteront les chocolats tant attendus ! Cruel dilemme, qui importe peu, me direz-vous, à partir du moment où ces chocolats sont bel et bien apportés.
Excellente fête de Pâques à tous les Lorrains !