Deux personnages nous regardent sous le porche de la magnifique église romane de Mont-devant-Sassey, en Meuse. Vous ne les reconnaissez pas ? Vraiment ? Il s’agit pourtant d’Adam et Eve.
Le premier couple, créé par Dieu, à l’image de Dieu, d’après le livre de la Genèse. L’homme aurait été fait de glaise. La femme, créée à partir d’une côte d’Adam. Couple cosmogonique, appelé à garder le jardin d’Eden, mais qui ne peut goûter au fruit de la connaissance du bien et du mal. Or, ils y ont goûté ! Ils l’ont goûté, ce fruit, qui, d’après quelques auteurs apocryphes, était une pomme ou quelque chose du genre.
Le sculpteur de Mont, d’ailleurs, nous représente le couple au moment même où il a transgressé l’interdit. Adam et Eve sont couverts de feuillages. Ils ont compris qu’ils étaient nus. Ils sont subitement devenus pudiques. Et Dieu, pour punir leur désobéissance, les chassa du jardin d’Eden. Paradis perdu.
Ou vaguement retrouvé. Car comment expliquer leur présence à l’entrée même de l’église ? En plaçant Adam et Eve directement à côté de la porte de l’édifice, les bâtisseurs entendaient laisser un message clair : entrer dans l’église, là est le paradis terrestre. Tout un programme ! Tout un symbole !
Quant au jardin d’Eden, je crois volontiers, pour ma part, qu’il devait un peu ressembler à notre chère Lorraine, ce pays semé de blé doré et d’orge échevelé, constellé d’étangs moirés et de sombres forêts. Cette terre bénie, plantée de vignes et de mirabelliers. Cette patrie où l’or, en somme, paraît pousser aux arbres !