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Traditions de Saint Vincent en Lorraine

Saint Vincent honoré par les membres de la Confrérie de la Capucine de Toul (Crédits photo : Confrérie des Cochoneux de la Seille)

En Lorraine, le culte de Saint Vincent, diacre martyrisé dans l’Antiquité, demeure très populaire, particulièrement en pays de vignoble. La ville de Metz, qui, au Moyen-âge, était entourée de vignes, compte encore une église dédiée à Saint Vincent et dans le Toulois, pays réputé pour son vin gris, Vincent a toujours joui d’un culte fervent.

basilique Saint-Vincent de Metz
La basilique Saint-Vincent de Metz (Crédits photo : M.Strīķis)

Depuis le Moyen-âge, les vignerons des Côtes de Toul ont en effet coutume de promener en procession la statue de ce saint. Une statue qui, parfois, a pu faire les frais de quelques colères paysannes. Jean Vartier, dans son ouvrage intitulé La vie quotidienne en Lorraine au XIXème siècle, nous rappelle qu’en l’an 1800 et quelques brouettes, les vignerons d’une paroisse du Toulois, pour punir Saint Vincent d’un coup de gelée tardive qui avait gâté tous les bourgeons, condamnèrent la statue du martyr à coucher trois nuits dehors !

Dévasté à la fin du XIXème siècle par la crise du phylloxera, le vignoble lorrain a bien failli disparaître. Mais depuis les années 1950, ce dernier est progressivement en train de renaître. Dans le Toulois, mais aussi le long des Côtes de Meuse et de Moselle, quelques vignerons passionnés s’appliquent à faire revivre cette activité ancestrale. Et avec elle, tout un tas de traditions.

Vignoble du Toulois à Bruley (Crédits photo : Joseph ADAMO pour le Groupe BLE Lorraine)

La Saint Vincent, un temps délaissée, revit aujourd’hui à travers quelques associations épicuriennes, à l’instar de la Confrérie de la Capucine. Fondée en 1962, cette association regroupe actuellement un peu moins de 200 compagnons et milite pour la connaissance et la promotion de l’AOC Côtes de Toul. Le chapitre de la confrérie se réunit chaque dimanche suivant la Saint Vincent, donc autour du 22 janvier. Sa devise reste un morceau de simplicité et une ode la joie de vivre :

« Fidélité au vin toulois

Qu’il soit Auxerrois, Pinot ou Gamay

Buvons le frais plutôt que froid

Et ne l’abandonnons jamais ! »

La Confrérie de la Capucine se doit d’être rapprochée de la Confrérie de Saint-Vincent qui, dans la petite bourgade mosellane de Vic-sur-Seille, rassemble la plupart des vignerons du cru. Cette autre confrérie, fondée au XIVème siècle, interdite pendant la révolution française et restaurée en 1863, passe d’ailleurs pour être l’une des plus ancienne de Vic, après celle des sapeurs-pompiers. Ses membres, qui continuent de s’appeler « hawattes » mettent un point d’honneur à faire connaître, par diverses manifestations, le fruit de leurs vignes et de leur labeur. Ils ont en outre l’obligation de s’entraider en cas de coup dur et de pourvoir à l’entretien de la chapelle de la Croix-aux-Prés, située à une encablure de Vic.

La Confrérie Saint-Vincent de Vic-sur-Seille (Crédits photo : commune de Vic-sur-Seille)

Les Meusiens, qui produisent eux aussi un excellent vin, ne sont pas non plus en reste. Le petit village d’Hannonville-sous-les-Côtes, situé entre Vigneulles-lès-Hattonchâtel et Fresnes-en-Woëvre, a lui aussi coutume de célébrer la Saint Vincent au cours d’une messe parfois entrecoupée de sonneries de cors.

Du Pays de Sierck aux Côtes de Toul, en passant par le Saulnois et les confins de la Woëvre, on s’aperçoit bien que la Saint Vincent demeure, dans la région, une fête à la fois vivace et populaire. Une fête de vignerons, nécessaire pour faire connaître le nectar du terroir lorrain. Quoi qu’il en soit, les Compagnons de la Capucine nous démontrent, par leur belle devise, que l’on peut faire des vers … tout en vidant son verre !

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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