La Maison du Pays des Etangs, située à Tarquimpol, a été entièrement rénovée et agrandie après près de deux ans de travaux. Aménagée en 1990 dans l’ancien presbytère de ce village de carte postale d’une soixantaine d’habitants pour valoriser les richesses naturelles et historiques des environs, elle avait besoin d’un sérieux coup de lifting.
Confortée comme pôle d’attractivité touristique, d’animation et d’éducation au patrimoine naturel et archéologique, la Maison du Pays des Etangs de Tarquimpol bénéficie désormais d’une nouvelle muséographie, ainsi que deux espaces dédiés à la restauration et aux animations. Entièrement réhabilité avec notamment un bardage bois pour assurer une intégration paysagère particulièrement soignée, le bâtiment de la Maison du Pays des Etangs a également été agrandi de 150 mètres carrés, portant ainsi sa surface à plus de 360 mètres carrés. Une terrasse d’observation panoramique de soixante mètres carrés a été aménagée au-dessus de l’extension qui abrite la partie restauration. Elle offre une vue imprenable sur l’Etang de Lindre. Un lieu de spectacle en extérieur et un sentier de découverte d’un kilomètre autour de la presqu’île ont également été aménagés. A noter que les travaux de rénovation de la Maison du Pays des Etangs de Tarquimpol, qui dispose depuis aussi de stationnements et d’abords refaits, ont représenté un investissement de 900 000 euros. Entre trois et cinq personnes y sont employées.
Rappelons que la Maison du Pays des Etangs présente gratuitement l’histoire de Tarquimpol, ainsi que la richesse de la faune et de la flore de l’Etang de Lindre. Classé Natura 2000, cet étang de mille hectares créé au XIème siècle à des fins de pisciculture est un site d’intérêt mondial où vivent plus de 240 espèces d’oiseaux. Situé sur une presqu’île au centre du Lindre, le village de Tarquimpol se nommait avant d’être francisé Teichenful, ce qui signifie « étang marécageux ». Bien avant cela, à l’époque gallo-romaine, l’antique Decempagi déployait son faste. Un théâtre romain y a été découvert par hasard en 1981 lors d’une prospection aérienne. La terre asséchée avait en effet laissé entrevoir depuis un avion les traces de l’édifice qui avait une capacité comprise entre 10 000 et 12 000 places. A cette époque, Tarquimpol devait certainement être un lieu de pèlerinage de première importance autour d’une divinité ayant un rapport avec l’eau. Lors d’une campagne de fouilles menée entre 2008 et 2012, des archéologues des universités de Harvard et de Frankfort ont pu déterminer la présence d’un rempart qui protégeait le sanctuaire. En plus du théâtre, la cité devait aussi disposer d’un temple et de thermes au sein desquels les pèlerins devaient se purifier avant d’entrer en contact avec la divinité. Porte d’entrée du Pays salin, Decempagi se trouvait sur la Via Salina, voie romaine reliant Durocorturum (Reims) à Argentoratum (Strasbourg), bâtie sur les anciennes voies du sel exploité dans la Vallée de la Seille. Grâce à des équipements géophysiques, les archéologues ont également découvert la présence sous terre d’un grand portique et d’un bâtiment à colonnades mesurant 300 mètres de long et six de large. Il ne reste malheureusement que très peu de vestiges de ces édifices antiques. Leurs pierres ont souvent été utilisées au cours des siècles pour construire des maisons. Cela dit, il n’est pas rare d’exhumer à Tarquimpol lors de travaux des pièces de monnaie, de la vaisselle, des outils ou encore des stèles.
Après l’effondrement de l’Empire romaine, la présence humaine s’est poursuivie, comme en témoigne la découverte de 39 sarcophages mérovingiens sous l’église. Plus tard, l’Etang de Lindre devînt une zone de pêche des Ducs de Lorraine. Depuis des siècles, il est vidé tous les deux ou trois ans pour préserver la qualité de l’eau. Les superstitions et les légendes, à l’image de celles du cavalier et des moines fantômes du Lindre, tout comme la présence d’un alchimiste au XIXème siècle, ont de tout temps façonné l’aura et le mystère de ce bout de Lorraine.