Conservé aux Archives Départementales de la Moselle, le parchemin ci-dessous, de grandes dimensions, il occupe en effet la quasi-totalité de la peau de chèvre sur laquelle il a été copié, date du milieu du XIIème siècle. Il présente une calligraphie remarquable.
Il s’agit d’une lettre patente émanant de la chancellerie archiépiscopale de Mayence. On y apprend que Henri, archevêque de cette ville située en rive gauche du Rhin, confirme la donation faite à l’abbaye Saint-Vincent de Metz par Reinfrieden, homme de libre condition, du prieuré d’Offenbach. Un échange de terre donc, comme on en trouve à foison dans les cartulaires de l’époque. Mais un échange qui a fait l’objet, de la part du scribe, d’un soin exceptionnel.
Car en effet, quand on prend le temps d’examiner le texte, on se rend vite compte de l’exceptionnelle qualité de la graphie. Les lettres, tracées à la plume d’oie, impressionnent par leur régularité et le ductus est ici impeccable. Les hampes surtout, c’est-à-dire les parties hautes et verticales de certaines lettres, sont agrémentées de treilles, de courbes et d’ornements, tout en pleins et en déliés. Plusieurs mots sont également abrégés, comme « domino », écrit ici « dmo ». Et pour cause : le parchemin coûtant cher, on ne peut se permettre de le gâcher.
On constatera également que le texte est étonnamment lisible. Rédigé en latin, certes, mais très lisible. La calligraphie est une ultime variante de l’écriture caroline, que Charlemagne avait fait développer dans l’ensemble de son empire, afin de faciliter la circulation des idées. Quelques décennies plus tard, la rondeur des lettres laissera place à des angles. Pour aller un peu plus vite. Arcs brisés. Un peu comme en architecture. Ecriture gothique, comme on dit souvent. Les puristes parlent plutôt de textura, c’est-à-dire d’écriture ressemblant à un tissu, textura en latin.
Car oui, notre écriture a une histoire. On n’écrit pas aujourd’hui comme on écrivait il y a mille ans.