Bien que leurs façades se fondent au premier regard dans le bâti ancien du centre historique, malgré quelques éléments architecturaux remarquables, plusieurs hôtels particuliers médiévaux témoignent encore aujourd’hui de la richesse patrimoniale de Metz.
Ces hôtels particuliers ont été construits à la fin du Moyen-âge par les grandes familles de la cité, à savoir les Paraiges. Pendant trois siècles, ces familles patriciennes ont dirigé la vie politique et économique de la ville en s’accaparant les charges municipales. Il s’agissait principalement de banquiers et de financiers très riches qui ont pris le pouvoir à Metz au XIIIème siècle. Ils ont constitué leurs familles en Paraiges et institué de véritables dynasties. En plus des châteaux qu’elles possédaient en Pays Messin, ces familles ont construit de nombreux hôtels et d’élégantes demeures en centre-ville, dont la majorité a malheureusement disparu. En effet, une dizaine seulement existe encore. Après l’incorporation de Metz et des Trois-Evêchés au Royaume de France en 1552, l’armée française a ainsi détruit de nombreux édifices. L’actuelle Place Coislin, anciennement Champ-à-Seille, était par exemple entièrement bordée d’hôtels particuliers qui ont été rasés pour créer … une caserne.
Parmi la dizaine d’hôtels particuliers qui nous est parvenue, les hôtels de Burtaigne, de Gargan, de Gournay et de Heu, respectivement situés Place des Charrons, en Nexirue, Rue du Grand Cerf et Rue de la Fontaine, constituent de magnifiques témoignages de ce passé. Ces quatre demeures prestigieuses ont été élevées entre la fin du XIVème siècle et le début du XVIème siècle, période pendant laquelle les pouvoirs et les richesses n’étaient plus concentrés que dans cinq ou six familles régnantes, dont les Gournay et les Heu, soit dix fois moins qu’initialement. Très hermétiques à l’extérieur et jalouses de leurs privilèges, ces familles se sont réduites à partir du XVème siècle. Dans les dernières années de leur règne, elles ne comptaient plus que 25 hommes, soit moins que le nombre de charges municipales à exercer.
Ces quatre hôtels particuliers ont donc été construits au moment où leurs propriétaires n’avaient jamais été aussi riches. A tel point que les commerçants et les artisans de la cité les surnommaient « les seigneurs de Metz ». Cette aristocratie urbaine n’hésitait d’ailleurs pas à se marier avec la haute noblesse lorraine. La richesse et le prestige de ces familles patriciennes se sont retrouvées dans l’architecture des demeures qu’elles ont érigées, à l’image de l’un des deux seuls escaliers à double révolution de Metz qui se niche dans le vaste porche de l’Hôtel de Heu. Cette demeure présente également une rangée de hautes fenêtres à lancettes avec des tympans trilobés. Il faut savoir que les Heu sont une famille qui a seulement émergé au XIVème siècle. C’est d’ailleurs l’une des familles qui a créé le Paraige additionnel du Commun.
Egalement appelé la « Grand’Maison », l’Hôtel de Gournay est quant à lui le plus ancien des quatre hôtels particuliers mentionnés plus haut. Bâti à la fin du XIVème siècle, sa façade qui donne sur la rue arbore les traces de grandes arcades qui correspondaient autrefois à des devantures d’échoppes. L’hôtel abrite dans sa cour une autre façade avec de magnifiques fenêtres gothiques à tympans trilobés. La famille des Gournay fut l’une des plus puissantes des Paraiges dès le XIIIème siècle et jusqu’à l’arrivée des Français.
Demeure des Maîtres-échevins de la ville, l’Hôtel de Burtaigne a également été construit par les Gournay dans les dernières années de la Républiques messine. Le mariage de Claude de Gournay, fils du Maitre-échevin et Conseiller du Duc Antoine de Lorraine, Michel de Gournay, avec Catherine de Créhange y fut célébré.
Enfin, l’Hôtel de Gargan est le seul dont on ignore l’origine. Elevé au XVème siècle, il présente une rangée de fenêtres de style néogothique et un mur écran crénelé qui rappelle l’influence exercée par les marchands lombards sur l’architecture de Metz entre les XIIIème et XIVème siècles.
Source : RL du 24/02/2023