Si le vignoble se réduit aujourd’hui à peau de chagrin, les Vosges possèdent pourtant un patrimoine viticole remarquable. Le vin des Vosges pourrait néanmoins se développer à nouveau grâce au courage de plusieurs vignerons et au réchauffement climatique.
Au début du XIXème siècle, les vignes s’étendaient sur 5 400 hectares dans les Vosges, ce qui représentait un tiers du vignoble alsacien actuel. Malheureusement, comme le reste du vignoble lorrain, le vignoble vosgien a été ravagé par le phylloxéra vers la fin du XIXème siècle. Les deux guerres mondiales, l’industrialisation et l’exode rural ont anéanti par la suite le peu qu’il restait. Mais la viticulture n’a pas pour autant complètement disparu du département des Vosges. Elle connaît même un regain et un intérêt nouveau ces dernières années.
Ainsi, cinq hectares de vignes plantés sur les coteaux de La Neuveville-sous-Montfort, produisent un vin rouge foncé aux reflets bleutés. Appelé Vin bleu des Vosges, il fait la fierté de ce petit village de la Plaine des Vosges. Quelques ares de vignes dévalent également les pentes du château d’Epinal et rappellent que le vin y était autrefois cultivé. Les Vosges possèdent par ailleurs un petit vignoble de montagne en voie de reconstitution. A la Croix-aux-Mines, sur les hauteurs de La Behouille, au lieu-dit du Champ du Cheval, les bénévoles de l’association La Croix aux Vignes ont planté, en 2014, 2 000 pieds de vignes à 700 mètres d’altitude. Il s’agit des vignes les plus hautes de Lorraine. Non loin de là, toujours en Déodatie, un jeune vigneron qui vient de s’installer a planté au printemps dernier 1 600 pieds de vignes au Domaine des Hauts du Champs à Saulcy-sur-Meurthe. Afin de bénéficier des caractéristiques du sol composé en majorité de grès vosgien, il a notamment choisi des cépages de vin blanc comme le Chardonnay et le Riesling. Il espère pouvoir effectuer ses premières récoles d’ici trois ou quatre ans, uniquement en bio.
Pour le moment, le jeune vigneron vosgien n’a pu planter que vingt ares de vigne cette année en raison de la réglementation. Il entend cependant atteindre trois hectares d’ici 2030 pour pouvoir en vivre. Grâce à l’ensoleillement et à des températures moyennes plus élevées, la viticulture vosgienne, portée par des passionnés impliqués et courageux, devrait ainsi renaître de ses cendre. Et pourquoi pas prétendre un jour à une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) ou à une Indication Géographique Protégée (IGP) Vin des Vosges et suivre le même chemin que les Côtes de Toul, la Moselle et les Côtes de Meuse.