Parce qu’elle aurait entendu, à l’heure de son martyre, une musique céleste, Sainte Cécile est devenue, au fil des siècles, la patronne des musiciens, des luthiers et de tous les fabricants d’instruments. Autrefois célébrée en fanfare chaque 22 novembre, Sainte Cécile et sa divine mélodie semblent s’être faits éclipsés par la tapageuse Fête de la Musique qui a lieu chaque 21 juin. Pourquoi un tel changement ?
Pour le savoir, il faut commencer par présenter Cécile. Probablement née d’une famille patricienne romaine, Cécile s’était convertie au christianisme et avait fait le vœu de demeurer vierge. Elle aurait alors converti de nombreuses personnes, dont son propre époux auquel elle fut, pourtant, mariée de force. Dénoncés, Cécile et son mari furent condamnés au supplice. La peine portée fut la décapitation. D’après Jacques de Voragine, auteur médiéval de la célèbre légende dorée, Cécile se serait mise à chanter en attendant le geste fatal du bourreau. Ce dernier lui aurait assené un premier coup. Puis un second et enfin un troisième. La loi romaine interdisant le quatrième coup, Cécile dut agoniser à même le sol. C’est à ce moment-là qu’elle aurait déclaré entendre un concert céleste.
La Sainte Cécile, dont nous parlons ici ne doit pas être confondue avec Cécile de Remiremont, également appelée Sigeberge et qui fut, au VIIème siècle, l’une des premières abbesses de Remiremont. Fêtée localement le 12 août, Cécile de Remiremont aurait perdu la vue à force de pleurer devant l’image de la croix. D’où le nom de Cécile qui, en latin, signifie « aveugle ».
Célébrée dès le Moyen-âge, Sainte Cécile de Rome va jouir d’une extraordinaire popularité tout au long de l’histoire. Aux XIXème et XXème siècles, les fanfares militaires, les harmonies municipales et les orchestres locaux la célèbrent avec force concerts et récitals. Aujourd’hui encore, la Sainte Cécile demeure une date appréciée des mélomanes.
A Mirecourt notamment, petite ville des Vosges célèbre pour ses ateliers de luthiers, Sainte Cécile continue de jouir d’une certaine popularité. La charte accordée en 1732 par François de Lorraine notait d’ailleurs déjà que « les maîtres luthiers auront pour patronne Sainte Cécile, à la fête de laquelle ils célébreront une messe haute et deux vêpres en la paroisse de Mirecourt, ainsi qu’un service qui se fera le lendemain pour les confrères défunts ».
Pieuses recommandations dont on trouve encore quelques traces aujourd’hui et qui nous prouvent combien Cécile a toujours été associée à la musique et aux musiciens. Que ceux-ci continuent d’honorer, chaque 22 novembre, la mémoire de cette vierge martyre, en faisant monter, vers son saint paradis, quelques notes de joie, de bonheur et d’allégresse.