Qui se souvient encore de Saint Gorgon ? Dans nos calendriers et agendas, ce saint au nom bizarre a été remplacé par Saint Alain. Pourtant, quand on ouvre l’annuaire édité en 1825 par Verronais, alors imprimeur à Metz, on lit bien, en face de la date du 9 septembre Saint Gorgon.
Oublié, sauf peut-être chez les prêtres du diocèse de Metz et dans la petite cité de Gorze, Gorgon a pourtant joui, dans notre région, d’un culte tout particulier. L’histoire nous dit que ce personnage au nom curieux était un officier romain qui, converti au christianisme, refusa d’abjurer sa foi nouvelle. L’Empereur Dioclétien aurait alors ordonné qu’il soit torturé puis mis à mort. Tout cela se serait passé dans les premières années du IVème siècle.
Enterré près de Rome, dans une nécropole située le long de la Via Labicana, Gorgon fut délogé de sa sainte tombe en l’an 766. Cette année-là, l’évêque de Metz Chrodegang fit rapporter les reliques du saint pour sanctifier l’abbaye de Gorze qu’il venait de fonder au creux d’un vallon solitaire. Au XIème siècle, les mêmes reliques seront une nouvelle fois transférées à l’abbaye de Saint-Arnould, à Metz.
Gorze, dont l’abbaye était au Saint Empire ce que Cluny fut au Royaume de France, choisit d’ailleurs de représenter, sur son blason, Saint Gorgon chevauchant et tenant une bannière dans ses mains. On doit aussi au scriptorium de Gorze un intéressant récit de la vie du saint. Preuve que les moines avaient fait du vieil officier romain un véritable symbole pour leur cité. Fêté le 9 septembre, jour supposé de son martyre, Saint Gorgon jouait autrefois un grand rôle dans le calendrier paysan. Westpahlen nous apprend en effet que les vieux cultivateurs de Lorraine avaient coutume de dire que si, à la Saint-Gorgon, il fait clair et beau, quarante jours encore le temps sera beau !