En Lorraine comme ailleurs, la rentrée des classes a toujours obéi aux mêmes rituels. On savait qu’elle approchait à mesure que les mirabelles mûrissaient, là-bas, dans les vergers.
Les premiers colchiques semblaient rappeler qu’il était temps de préparer l’ardoise et le cartable. Car les rentrées de jadis avaient un parfum que celles d’aujourd’hui ont malheureusement perdu. C’était un parfum subtil de craie, d’encre séchée et de papier jauni. Parfum de nostalgie qui reviendra à la mémoire de nos lecteurs qui ont connu les plumes sergent Major et l’encre violette. Parfum que le meusien Pierre Gaxotte évoque dans son ouvrage intitulé Mon village et moi :
« L’école était un lieu merveilleux, imposant et familier, avec de hautes fenêtres, une cour plantée de marronniers, un préau où nous rangions nos sabots en hiver et une pièce obscure où se trouvaient les cartes, quelques échantillons de roches, un écureuil empaillé et une lanterne à projections. A l’école, nous étions chez nous. Aussi assumions-nous les petites tâches d’entretien. A tour de rôle, nous étions désignés, par équipes, pour le nettoyage des tableaux (ce n’est pas si facile que ça), pour le remplissage des encriers (il nous arriva d’y mettre un produit qui les transforma en geysers), pour le ramassage des feuilles dans la cour, pour le rangement des armoires à « fournitures » […] Personne, je crois, n’a jamais mieux enseigné que les maîtres de l’enseignement primaire de ce temps-là et personne n’a mérité plus de respect car ils étaient le dévouement, le civisme et la fidélité. »
Témoignage émouvant, avec lequel je tiens à souhaiter, à tous les élèves et à leurs professeurs, une bonne rentrée et excellente année scolaire !
