Quel point commun unit Saint Mansuy, Saint Clément et Saint Saintin ? C’est que chacun de ces trois personnages fut le premier à être respectivement évêque de Toul, de Metz et de Verdun. Trois personnages qui, s’ils sont peut-être un peu oubliés aujourd’hui, continuent cependant d’occuper une place de choix dans le calendrier lorrain.
De nos trois évêques, il est clair que c’est Saint Clément qui est le plus connu. La raison, sans doute, au fameux Graoully qu’il aurait noyé dans la Seille. Mais de Saint Mansuy, que sait-on vraiment ? Le premier évêque de Toul est un personnage discret, au sujet duquel les documents anciens demeurent hélas assez tacites.
Fêté le 3 septembre dans le diocèse de Toul et le 31 août dans celui de Saint-Dié, Saint Mansuy pourrait être originaire d’Irlande ou d’Ecosse. En l’an 338, il se serait fixé à Toul, après avoir écumé toute la Gaule belge dans le but d’y répandre la parole du Christ. Sur les bords de la Moselle, Mansuy se serait surtout appliqué à soigner les lépreux. C’est la raison pour laquelle le saint était autrefois invoqué par les victimes de cette terrible maladie. Vraisemblablement mort en 375, le saint est inhumé dans la crypte de l’église Saint-Pierre, située à une encablure au Nord-Ouest de Toul.
Le culte de Saint Mansuy était autrefois particulièrement important et les évêques de Toul ont toujours mis un point d’honneur à entretenir le souvenir de leur lointain prédécesseur. Ainsi, au Xème siècle, on voit l’évêque Gauzelin relever les murs de l’ancienne église Saint-Pierre et aménager le tombeau du saint. Quelques années plus tard, l’évêque Saint Gérard installe sur le tombeau de Saint Mansuy un véritable monastère, que desserviront les moines de l’abbaye de Saint-Epvre, toute proche. C’est à l’un de ces moines, nommé Adson, que l’on doit la plus ancienne chronique de la vie de Saint Mansuy. C’est un texte latin assez obscur, dans lequel se mêlent légendes et réalité.
Plusieurs fois transférées d’un lieu à un autre, la plupart des reliques de Saint Mansuy sont aujourd’hui conservées dans la cathédrale Saint-Etienne de Toul. En 1506, l’évêque Hugues des Hazards avait choisi de placer le chef, c’est-à-dire le crâne, du saint dans un reliquaire d’or qui continue de compter parmi les pièces maîtresses du trésor cathédral.
L’iconographie représentant Saint Mansuy est particulièrement rare. On connaît tous la gravure de Callot qui nous montre le pieux évêque en train de ressusciter le fils d’un noble, blessé au cours d’un jeu de balle. Mais en dehors de cette composition, presque aucun tableau. Presque aucune sculpture.
Le culte de Saint Mansuy s’est en quelque sorte effiloché. Et le 3 septembre ne donne lieu à aucune manifestation exceptionnelle à Toul. Certes, évêques et prêtres lorrains continuent de le citer dans leurs homélies. Mais ce saint lorrain, aujourd’hui, fait un peu l’effet de ces personnages de contes, colorés et presque folkloriques. Sic transit gloria mundi. Ainsi va la gloire du monde.