Appelée en parler de Lorraine « Grand’ Notre Dàm’ », « Essomsion’ » ou plus simplement « Kinz oû », la fête de l’Assomption a toujours joui dans notre région d’une ferveur particulière.
Il s’agit de songer aux nombreuses répliques de la grotte de Lourdes qui jalonnent çà et là le paysage lorrain. Particulièrement présentes en pays minier, ces grottes voient souvent affluer, le jour de l’Assomption, une foule de fidèles venus assister à une messe en plein air. Ainsi, à Moulinelle, quartier de Jarny, la grotte de Lourdes, qui a été érigée par les soins des mineurs locaux en 1952, se prête chaque 15 août à une belle célébration, suivie d’une conviviale fête populaire. On retrouve ce principe dans plusieurs paroisses du Warndt, mais aussi en Pays Messin, au sanctuaire de la Salette, à Villers-l’Orme par exemple. A Fléville-Lixières, petite commune située aux confins de la Woëvre et du Pays-Haut, le curieux sanctuaire de Notre-Dame du Poirier attirait jadis de nombreux pèlerins. Ailleurs, on dressait des reposoirs où trônait la statue de la Vierge et l’on organisait dans le village des processions interminables. A Cosnes-et-Romain, près de Longwy, la procession du 15 août durait pas moins de trois heures, nous dit Daniel Bontemps.
Le Docteur Raphaël de Westphalen précise quant à lui que les vignerons du Pays Messin avaient coutume de placer une grappe de raisin dans la main de statue de la Vierge, qui ce jour-là était promenée en procession. Les filles se paraient de couronnes de fleurs, généralement des pâquerettes qui, une fois séchées, étaient curieusement censées guérir les maladies du porc !
A Langatte, près de Sarrebourg, les paroissiens faisaient bénir chaque 15 août des grands bouquets de plantes médicinales. Appelés « Würzwisch », ces bouquets devaient protéger la maisonnée pendant toute une année. La coutume semble avoir également été connue à Fontoy, mais avec des bouquets d’oignons appelés « vèches ». Dans la Vallée de la Nied, le même bouquet était garni d’épis de blé, dont les grains étaient réservés aux prochaines semailles.
Toutes ces coutumes, hélas, se sont perdues et les bouquets de l’Assomption n’existent plus que dans les livres au papier jauni. Mais la disparition de cette tradition ne signifie pas pour autant la disparition de toute tradition. Les coutumes vont et viennent, se réinventant sans cesse et s’adaptant aux goûts de chaque période et aux aléas de l’histoire.