Deux nouvelles portes pour ce mois de mai. Mois de Marie. Joli mai. Trimâzo, comme on chantait jadis, dans la campagne lorraine.
La première porte, présentée ci-dessous, se trouve aux confins de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle, à Parfondrupt plus exactement, petit village d’une cinquantaine d’habitants de la Woëvre cher à mon cœur puisque c’est le berceau de ma famille. Une demi-douzaine de Goeuriot repose, depuis quelques siècles, à l’ombre de l’église de ce village. Peut-être que certains d’entre eux ont passé cette porte. Porte ancienne, au linteau monumental. Réemploi ? Peut-être. Mais par son style gothique flamboyant, par son blason figurant un étrange cor de chasse, cette porte semble dater du XVème siècle. Peut-être des premières décennies du siècle suivant. Des écoinçons, qui se terminent, sur la fenêtre juste à côté, par des fleurs de lys, nous montrent le soin que le sculpteur a apporté à son œuvre.
Quant au blason, oui, il reste bel et bien un mystère. Un cor de chasse, sans les couleurs. Difficile à identifier. Pour ma part, cet écu m’a toujours renvoyé, plus ou moins consciemment, à cette vieille légende qui nous parle du seigneur de Buzy, un village voisin, seigneur condamné à errer à jamais dans les forêts de Woëvre parce qu’il avait été parjure en allant chasser le jour de Pâques.
Non loin de là, toujours à Parfondrupt, se trouve une autre porte ancienne, de 1833 plus précisément comme l’indique le millésime gravé au sommet des pilastres d’encadrement. Celle-ci présente un linteau monolithe au centre duquel le sculpteur a taillé, en guise d’agrafe, un vase garni de jolies fleurs des champs. Au-dessus de ce linteau et sous un puissant entablement, on rencontre une alternance de cannelures et de motifs floraux, dont une sorte de bleuet, au centre de la pierre. Un bleuet. Comme un clin d’œil. Car les habitants de Parfondrupt sont surnommés, en patois lorrain, les Cabolats, c’est-à-dire, les « Bleuets ».
Les vieilles pierres ont assurément de quoi nous conter mille histoires.