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Exemple d’organisation d’un village lorrain à Morville-lès-Vic

Le village de Morville-lès-Vic dans le Saulnois (Crédits photo : Google Street View)

Extraite du Plan Terrier de Gorze, la carte ancienne, présentée ci-dessous, nous montre le ban et le finage de Morville-lès-Vic, dans le Saulnois. Le document, dressé dans la première moitié du XVIIIème siècle, visait à l’origine à établir les biens que la puissante Abbaye de Gorze possédait dans cette partie de la Lorraine. Aujourd’hui conservé aux Archives Départementales de la Moselle, il nous offre une véritable photographie de ce que pouvaient être nos campagnes il y a trois cents ans.

carte Morville
Ancienne carte du ban et du finage de Morville-lès-Vic (Crédits photo : Kévin GOEURIOT pour le Groupe BLE Lorraine)

Au cœur même du ban communal, on trouve le village. Une poignée de maisons, alignées le long de deux rues perpendiculaires, et derrière lesquelles on rencontre les potagers et les vergers, lesquels nécessitant des soins quotidiens, se situent à proximité des habitations. Tout autour, ce sont les champs. Champs de blé, d’orge, de navette aussi. Champs très étroits mais terriblement étirés, afin d’éviter d’avoir à faire « demi-tour à tout bout de champ » avec un attelage qui pouvait compter jusqu’à six chevaux. Dans les zones basses, humides et inondables, on rencontre les prés, les parcs ou pâquis, dans lesquels on emmène paître, du printemps à l’automne, le troupeau communal. Les enfants gardent souvent les bêtes, quand le village n’a pas les moyens de payer un pâtre communal.

Plus loin encore, ce sont les bois. La forêt, dans laquelle on se rend occasionnellement, pour chercher le bois d’œuvre et le bois de chauffage. Forêt indispensable à la communauté villageoise. Forêt qui fournit aussi le bois dont on fait les berceaux et celui dont on fait les cercueils.

On le voit, la communauté villageoise de Morville-lès-Vic est, au début du XVIIIème siècle et comme la plupart des villages de la Lorraine de l’époque, totalement autosuffisante. Loin de moi l’idée de revenir à cette époque, ni même de prêcher un retour en arrière, mais il est clair, en regardant ce plan ancien, que nos ancêtres n’étaient pas plus idiots que nous. Ils avaient placé leur subsistance dans une bienheureuse complémentarité des terroirs. Faisant en sorte d’avoir tout sur place. Et sachant, aussi, se contenter de peu.

Qui a dit, encore, que l’histoire permet de mieux connaître le présent et aussi, un peu, de mieux envisager l’avenir ?

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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