Comme cela fait plaisir de voir nos villes user de leurs armoiries ! Collées sur un élément de mobilier urbain, ce blason marque l’appartenance du banc à la communauté de Clermont-en-Argonne. Communauté. Une manière de rappeler la notion de bien commun. C’est-à-dire, qui appartient à tout le monde à la fois. Et à personne, en propre.
Mais ce n’est pas de bien commun dont je veux vous parler aujourd’hui. Plutôt du blason. Dans le langage héraldique, on le décrit ainsi : d’azur à six annelets d’argent percés de six flèches de même 3.2.1. mises en barre. Ce sont les armes des anciens seigneurs de Clermont. Le blason est soutenu par une branche de houx ainsi que par un rameau de chêne. Il est aussi accompagné des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, ainsi que de la devise latine Moriens etiam vivas. Devise que l’on traduira par « Fais qu’en mourant, tu vives encore ».
Admirable devise ! Qui m’oblige à songer à ces autres devises que l’on peut rencontrer en Lorraine. Metz qui avait placé au-dessus de la Porte Sainte-Barbe, la phrase « Si nous avons paix dedans, nous avons paix dehors ». Nancy et son célèbre « Non inultus premor », « Qui s’y frotte s’y pique » en français ou « Ne toqués mie, je poins » en Lorrain roman. Bitche avec « Je mords derrière comme devant », Void et son fameux « Projiciam » ou encore Vézelise qui est « Moultes valent et moults avalent », etc.
Un patrimoine insoupçonné qui reste pour le moins fragile car si les blasons ne sont pas exposés, ils ne sont pas connus.
L’église de Clermont-en-Argonne présente un magnifique portail Renaissance. Celui-ci est composé de portes en plein cintre encadrées de colonnes cannelées et surmontées de chapiteaux de style ionique. On peut également y observer des pilastres décorés du blason du barrois, ainsi que du H de Henri surmonté d’une couronne ducale. Un décor foisonnant se décline par ailleurs de part et d’autre de la niche. On trouve aussi des volutes et des colonnes de style dorique et un fronton soutenu par une frise d’entrelacs en bas-relief. La niche est habitée, comme on dit dans le jargon, par un Saint Didier auquel est dédiée l’église. Classée monument historique en 1908, l’église de Clermont-en-Argonne abrite quelques sculptures et épitaphes remarquables, dont une statue attribuée au talentueux Ligier Richier.