C’est en discutant avec des habitants de Longchamps-sous-Châtenois, petit village de la Plaine des Vosges, pendant les journées du patrimoine, que la rumeur arriva à mes oreilles. Paul Claudel, le poète, et sa sœur Camille, la sculptrice, auraient des ancêtres de Longchamp-sous-Châtenois.
Effectivement, après quelques recherches, cette rumeur est confirmée. Paul et Camille sont les descendants de Joseph Millot et de Marie Simard. Ils ont également comme ancêtres un négociant à La Bresse et à Châtenois, un boulanger à La Bresse et un maire de Châtenois. De nombreux cousins et arrière arrière petits cousins sont restés sur le canton, dont un certain Emile Albert Claude, né en 1929, qui fut maire de Courcelles-sous-Châtenois.
Rappelons que Paul-Louis-Charles-Marie Claudel est né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère en Tardenois, dans l’Aisne, dont son grand-oncle fut d’ailleurs curé. Il est le fils de Louis Prosper Claudel, fonctionnaire, né à La Bresse dans les Vosges et de Louise Athénaïse Cerveaux. Il est également le frère de la sculptrice Camille Claudel (1864-1943).
Ayant passé les premières années de sa vie en Champagne, Paul Claudel entra d’abord à l’école chez les sœurs, puis au lycée à Bar-le-Duc, avant d’entrer au Lycée Louis-le-Grand à Paris en 1882, date à laquelle ses parents s’établirent dans la capitale française. A quinze ans, il écrivait son premier essai dramatique, L’Endormie, puis, dans les années 1890, ses premiers drames symbolistes comme Tête d’Or et La Ville. Mais c’est l’année 1886 qui va se révéler décisive pour le jeune Claudel, notamment par sa rencontre avec la foi en Dieu lors d’une fulgurante conversion la nuit de Noël à Notre-Dame.
Parallèlement à ses activités d’écrivain, Paul Claudel mena pendant près de quarante ans une carrière de diplomate. Reçu en 1890 au petit concours des Affaires étrangères, il fut nommé en 1893 Consul suppléant à New York, puis gérant du consulat de Boston en 1894. De la Chine (1895-1909) à Copenhague (1920), en passant par Prague, Francfort, Hambourg, où il se trouvait au moment de la déclaration de guerre, et Rio de Janeiro, ses fonctions l’amenèrent à parcourir le monde. C’est au titre d’Ambassadeur de France qu’il séjourna à Tokyo (1922-1928), à Washington (1928-1933), et enfin à Bruxelles, où il acheva sa carrière en 1936.
Son œuvre est empreinte d’un lyrisme puissant où s’exprime son christianisme. Œuvres de maturité, la trilogie dramatique L’Otage – Le Pain dur – Le Père humilié, puis L’Annonce faite à Marie, et enfin Le Soulier de satin, son œuvre capitale, lui apportèrent une gloire méritée. A tel point qu’il fut élu, onze ans plus tard, à l’Académie française, sans concurrent, le 4 avril 1946, à presque quatre-vingts ans, « âge de la puberté académique » comme il se plaisait à le dire, par 24 voix, au fauteuil de Louis Gillet. Il n’avait effectué aucune des visites rituelles, pas plus qu’il n’avait fait acte de candidature. On lui doit un mot resté célèbre, la première fois qu’il participa à un vote académique : « Mais c’est très amusant, ces élections, on devrait en faire plus souvent ! ».
Sa mort à 87 ans, le 23 février 1955, a été celle d’un patriarche qui s’endort, sa tâche achevée. Voilà encore une jolie découverte de notre patrimoine local.