Un étendard flotte dans le vent au sommet d’une des tours de la collégiale Saint-Gengoult à Toul. Un étendard frappé de l’aigle impériale. Dans le langage héraldique, comme dans celui des drapeaux, le mot « aigle » est en effet bien féminin.
On pourrait s’étonner de voir ce drapeau, résolument germanique, hissé au sommet d’une tour de la Ville de Toul. Mais c’est que, dans son passé, Toul a relevé du Saint-Empire Romain Germanique. Avec Metz et Verdun, la cité de Toul a été, au Moyen-âge, le centre d’une petite république autonome et prospère. Une cité épiscopale, dont les évêques, d’ailleurs, étaient qualifiés de « Princes du Saint-Empire », et qui relevait immédiatement du pouvoir de l’Empereur germanique. Immédiatement ! C’est-à-dire sans l’intermédiaire d’un autre prince, vassal de l’Empereur. Cette situation, qui permettait à la Ville de Toul d’envoyer des émissaires aux diètes impériales, s’achève en 1552, lorsque le Roi de France Henri II s’empare des trois évêchés de Metz, Toul et Verdun. La ville, dès lors, devient française. Et Toul d’abandonner (officiellement), son lien avec l’Empire germanique.
Officiellement. Car on ne peut comprendre le présent que si l’on ne connaît bien le passé. On ne peut donc comprendre la présence de cet étendard sur les tours de Saint-Gengoult que si l’on voyage, un peu, dans le passé de la cité. Un étendard frappé de l’aigle germanique, laquelle porte sur son poitrail le blason de Toul, à savoir de gueules au Tau d’or.