Le petit village de Chambrey, dans le Saulnois, abrite un intéressant témoignage de la période dite de l’Annexion. Devenu village frontalier en vertu des dispositions du Traité de Francfort, Chambrey va en effet accueillir, en 1873, une gare monumentale, toute en pierre blonde et dont les formes rappellent, un peu, celles des châteaux gothiques de la Vallée du Rhin.
Et pour cause, les Allemands entendaient montrer aux visiteurs venant de Nancy qu’ils entraient bel et bien dans ce Reichsland Elsass-Lothringen qu’ils venaient de conquérir de haute lutte. Une sorte de gare-vitrine en quelque sorte, dont la construction est également destinée à montrer aux autochtones, de langue et de culture romanes ici, que les nouvelles autorités aménagent et prennent soin de ce territoire fraîchement conquis.
La gare de Chambrey n’est pas le seul exemple de gare-vitrine que les Allemands ont construit dans notre région. Elle se doit en effet d’être mise en relation avec la gare d’Avricourt, qui a longtemps fait l’objet d’un litige entre la France et l’Allemagne avant que cette dernière accepte de payer la construction du bâtiment en échange de la rétrocession de quelques arpents de terrain, et de la gare de Metz bien-sûr, laquelle, inaugurée en 1908, était censée montrer aux visiteurs débarquant dans la capitale du Bezirk Lothringen, toute la puissante de l’Empire allemand.