C’est l’un des documents les plus anciens que conservent les Archives Départementales de la Moselle. Et pour cause, il date du 7 mars 1056. Ce parchemin d’assez grandes dimensions, il s’agit d’une peau de veau, est annoté d’un texte en latin dont l’écriture est typique de la chancellerie impériale des alentours de l’An Mil. Hampes ornées de treilles et de ligatures, monogrammes rédigés à l’encre dorée, rien n’est trop beau pour magnifier la puissance de l’Empereur germanique, lequel n’est autre, à l’époque, que le fameux Henri III. De la dynastie des Saliens, ce dernier monte sur le trône impérial en 1046. Surnommé le Noir, il mène plusieurs campagnes militaires en Bohême et en Hongrie, avant de consacrer les dernières années de sa vie à soutenir la réforme que l’Eglise romaine entend mener en Occident. C’est dans ce contexte qu’il fait rédiger cet acte, par lequel il confirme les privilèges accordés quelques semaines plus tôt au Chapitre de la cathédrale de Metz. L’acte a été rédigé à Kaiserswerth, quelques mois seulement avant la mort de l’Empereur.
Rappelons que le Chapitre cathédral est un collège de prêtres appelés « chanoines ». La mission principale du Chapitre est d’assurer la permanence de la prière liturgique.
Près de mille ans nous sépare de ce document. L’avoir entre les mains, c’est un petit comme transcender l’histoire. Il y a un peu de moins de mille ans en effet, ce parchemin a certainement été lu dans le chœur de la cathédrale de Metz. Pas celle que nous connaissons aujourd’hui, non. Mais l’édifice ottonien, duquel il ne reste plus rien. L’évêque de Metz, les chanoines, devaient s’estimer heureux. A quoi ressemblaient-ils ? Quelle langue parlaient-ils, au quotidien, entre eux, lorsqu’ils ont posé leurs mains sur ce morceau de parchemin ?
Cette charte exceptionnelle nous montre ainsi un exemple des liens qui unissaient au Moyen-âge notre région au Saint Empire Romain Germanique. Je suis toujours très ému, pour ma part, lorsque je manipule les documents anciens. Ils me parlent. Ils me racontent mille histoires. Mille anecdotes qui finissent par se fondre dans le creuset de la grande histoire. Celle qu’on écrit avec un grand H.