C’est sans doute en citant « Tout par amour », la devise de son ancêtre le chevalier Erard de La Vaulx, seigneur de Gironcourt-sur-Vraine, dans les Vosges, que ce jour d’octobre 1900, le Comte Henry de La Vaulx s’élança pour l’épreuve de ballon aéromontgolfière aux Jeux Olympiques. Après avoir effectué un parcours de 1 925 kilomètres en volant de Paris à Korosticheff en Ukraine en 36 heures, il remporta le Grand Prix de l’Aéronautique et fut sacré Champion du Monde de distance en ballon. Ce record tint douze ans. Mais qui était ce chevalier globe-trotter, citant fièrement ses ancêtres gironcourtiens ?
Un comte à la vie digne d’un roman de Jules Verne
Né le 2 avril 1870 à Bierville, en Seine Maritime, Henry de La Vaulx passa une grande partie de son enfance au château de Rozoy Bellevalle, dans l’Aisne, qui appartenait à son père. Enfant, il fut très influencé par les ouvrages de Jules Verne. Sa mère étant décédée prématurément, il hérita du château de Bierville et d’une grande fortune. Il fit alors son « Tour du monde en 80 jours » en passant par la Russie, la Corée, le Japon, l’Indochine et les deux Amériques. En 1896, il explora la Patagonie, parcourant 5 000 kilomètres à cheval. Le 18 juillet 1898, il fit une ascension en ballon libre et se consacra désormais exclusivement à l’aéronautique.
En 1899, il fut élu Vice-président de l’Aéro-club de France, fonction qu’il occupera pendant 25 ans. Son activité fut telle qu’il est considéré comme le Vice-président fondateur de l’intuition. Par son exemple, par ses livres et ses articles, ainsi que par ses nombreuses conférences, il a joué un rôle décisif pour faire admettre le fait aéronautique. Outre des ouvrages sur l’aéronautique, il a publié en 1925 le roman Cent mille lieues dans les airs, et auparavant, en collaboration avec Arnould Galopin, de nombreux romans d’aventures de la série Le Tour du monde de deux gosses, dont plusieurs ont été réédités l’année de sa mort dans la collection Les Chevaliers de l’Aventure de la Librairie Jules Tallandier. Il faut savoir que l’Aéro-Club de France fut le premier au monde. Le club exerça une influence considérable pour la formation d’autres aéro-Clubs sur la planète.
En 1905, parachevant son œuvre, Henri de La Vaulx fonda la Fédération Aéronautique Internationale (FAI), dont il fut élu Vice-président et dont le siège se trouve toujours à Paris, grâce à lui. La FAI a joué un rôle prépondérant jusqu’en 1940 pour trouver des solutions aux difficultés posées par le développement de l’aéronautique sous toutes ses formes. Elle contrôle encore aujourd’hui toute l’activité sportive.
En 1908 et 1909, Henri de La Vaulx organisa les premiers grands meetings d’aviation à Bétheny, près de Reims. Il fut l’un des meilleurs aéronautes de son temps et fit plusieurs centaines d’ascensions. Sacré Champion du Monde de distance en ballon, il fut aussi plusieurs fois Champion du Monde de durée en l’air. En 1903, lors de la première Coupe Gordon-Bennett de ballons libres, il se classa troisième. A sa centième ascension, la même année, il avait déjà parcouru 20 567 kilomètres, passé 861 heures et 46 minutes en l’air et emmené sans incident 307 personnes. En 1908, il fonda la société Zodiac pour la construction de dirigeables. Les unités produites furent plus ou moins des dérivés du « De La Vaulx », dirigeable dont il avait conçu et fait construire le premier modèle. Henri de La Vaulx fit également construire et essaya lui-même un avion, le « De La Vaulx-Tatin » qui vola, mais un accident mit fin à l’essai. En 1914, mobilisé comme observateur aérien, il fut ensuite muté comme pilote du dirigeable « Commandant Coutelle ». Il fut abattu en 1915, mais resta indemne. Il fut ensuite conseiller de l’Etat-Major américain.
En 1924, il fut enfin élu à l’unanimité Président de la FAI et entreprit une série de gigantesques voyages pour recruter de nouveaux aéro-clubs pour son organisation, parcourant près de 200 000 kilomètres en avion, un record du monde pour l’époque. Véritable ambassadeur de l’aéronautique, il trouva une mort fatale le 30 avril 1930, près de New York, carbonisé dans son avion. Le gouvernement lui fit de somptueuses obsèques officielles aux Invalides. Il fut inhumé à Rozoy Bellevalle. En souvenir de ses ancêtres, la rue de la Mairie et de la Poste de Gironcourt-sur-Vraine porte son nom.