Conservé au Musée de la Cour d’Or, à Metz, ce tableau, peint par François de Nomé, également appelé Monsù Desiderio, nous montre la descente de croix et la mise au tombeau. Un prétexte, serait-on tenté d’écrire. Car cette scène n’occupe en réalité qu’une petite partie du tableau. Un premier plan que l’on remarque à peine, tant l’arrière-plan, ici, attire le regard.
Car c’est bien la ville qui, en effet, retient l’attention. Une ville étrange, qui semble être exclusivement bâtie d’albâtre et de marbre blanc. Une cité parfaite, onirique presque, toute en pinacles, en clochers, en tours et en clochetons. La vue est censée représenter Jérusalem. Mais à bien y regarder, la cité ressemble étrangement à Metz.
Une colline, encadrée par deux cours d’eau qui finissent par confluer. Ce ressemble bien à la Seille et à la Moselle. Des remparts solides, avec des portes, qui font songer à celles qui commandaient jadis le front de la Seille, depuis la Porte Sainte-Barbe jusqu’à la Porte Saint-Thiébaut, en passant par la fameuse Porte des Allemands. Une cathédrale aussi, à la tour hérissée de fleurons, exactement comme l’est notre Tour de la Mutte. Des églises à foison. Et une colline, à l’horizon, qui ressemble à notre Mont Saint Quentin. Le calvaire au premier plan fait alors songer à la sculpture monumentale que les Messins vénéraient jadis au sommet du Désiremont et qui finira par donner son nom au quartier de Bellecroix.
Metz-Jérusalem. Quel voyage ! Quel mélange impromptu. Cette confusion des formes n’est pourtant pas si étonnante. François de Nomé était né à Metz, en 1592 ou 1593. Dès 1610, l’artiste s’établit à Naples, où il réalise des paysages qui s’inspirent souvent de ceux que peignaient les peintres flamands. Une gravure de Metz lui aura peut-être rappelé sa ville natale. Et plongé, aussi, dans une sorte de nostalgie. En rendant hommage à l’ancienne capitale des Médiomatriques, François de Nomé a surtout réalisé l’un des premiers portraits peints de la ville de Metz. Une ville qu’il compare à Jérusalem. L’une est dite trois fois sainte. L’autre finira par être trois fois ceinte … de remparts !