Que voilà une bien jolie sculpture ! Chouette, s’écrieront les uns ! Quel drôle d’oiseau, diront peut-être les autres. Et pour cause, cette chouette stylisée se trouve dans l’un des écoinçons qui ornent le portail de l’église romane de Mont-devant-Sassey.
Une chouette, qui participe à un véritable bestiaire et qu’il nous est difficile d’interpréter. Car elle possède en effet une double valeur symbolique. Dans l’Antiquité, elle représente la sagesse. Le volatile, capable de voir dans les ténèbres, est associé à la vision extra-lucide. Il est l’attribut de la déesse Athéna, fille de Zeus, qui devient Minerve chez les Romains.
Mais au Moyen-âge, ce rapace va peu à peu revêtir une connotation négative. L’Eglise en fait un symbole de fourberie et de félonie. La chouette ne profite-t-elle pas de la nuit pour s’attaquer à ses proies ? On la retrouve aussi, dans le folklore germanique, comme étant l’attribut du fameux Till Eulenspiegel, personnage de littérature populaire plein de malice et dont le nom, qui signifie « miroir aux chouettes » a fini par donner l’adjectif « espiègle ». Jadis, en Lorraine comme ailleurs, trouver une chouette dans sa maison était signe de malheur. On avait même coutume de la clouer à la porte de la grange afin d’éloigner les mauvais esprits.
Cette chouette-là est-elle destinée à effrayer les démons ? Ou bien symbolise-t-elle une sagesse oubliée ? Difficile à dire. Un peu des deux, peut-être. Elle a éloigné jusqu’à présent les vandales et les destructeurs de patrimoine. Et elle symbolise le savoir-faire de nos aïeux.