Car tu es fatigué de toutes ces vanités
Tu t’évades et tu rêves en ronde monotone
Dans le ciel de novembre les nuages moutonnent
Et broutent à l’horizon des collines bleutées
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Tu erres comme un fantôme le long de la Moselle
Le long des berges mornes quelques roseaux frissonnent
Peut-être se souviennent-ils comme ton esprit frivole
De Lorraine, de Gretel et d’autres demoiselles
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Dans le Soleil couchant la cathédrale luit
Tout autour d’elle grouille un monde un peu trop noir
La rivière pourtant est un curieux miroir
Où tout est inversé et où nul ne médit
Te voici à marcher sous les arcades dorées
Du quartier Saint-Louis que tu trouves trop bruyant
Un manège vétuste amuse quelques enfants
Quand les parents picolent sur des airs feutrés
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Tu passes maintenant la Porte des Allemands
Sous laquelle serpente la triste et grise Seille
Ton âme butine alors comme une petite abeille
Ces arbres couverts de rouille qui s’effeuillent tristement
Rentré à la maison tu pends à la patère
Ce vieux manteau humide et tu prends un vieux livre
Pour continuer un peu à tenter de faire vivre
Les folles rêveries d’un promeneur solitaire.