Issu d’une famille de la haute noblesse franque, Chrodegang fut élevé à la cour de Charles Martel, puis de son fils Pépin, où il se distingue par son charisme. Le 3 octobre 742, il est intronisé évêque de Metz. Chrodegang succède alors à Sigebaud et devient le 37ème évêque à s’asseoir sur le siège de Saint Clément.
Dès lors, le jeune évêque s’applique à réformer le clergé, en fondant des abbayes et en mettant en place des synodes réguliers, sortes de réunions de religieux où se réglaient les problèmes courants. Ainsi, c’est à Chrodegang que l’on doit la création de l’abbaye de Saint-Nabor dont le nom, déformé, allait donner naissance à la ville de Saint-Avold. C’est à Chrodegang également que l’on doit la fondation, vers 750, de l’abbaye de Gorze, puissant monastère bénédictin qui fut à la Lorraine et à l’Empire ce que Cluny fut à la Bourgogne et à la France.
Introduit auprès du Saint-Père, ce dernier le récompense en lui octroyant, en 754, le titre d’archevêque avec le droit de porter le pallium, cette écharpe blanche frappée de plusieurs croix et qui est réservée traditionnellement aux plus hauts dignitaires de l’Eglise. Mais de Rome, Chrodegang ramène surtout une nouvelle manière de chanter la messe. Ce style musical, appelé à l’époque « chant vieux-romain », est peu à peu introduit dans l’évêché de Metz, tout en subissant quelques modifications. Mélodieux, spirituel, ce chant liturgique, que l’on appellera désormais « chant messin », s’imposera par la suite à l’ensemble de l’Occident, sous le nom bien connu de « chant grégorien ». Chrodegang fonde d’ailleurs, vers 754, une école de chant qui demeurera réputée pendant toute la période carolingienne.
Mort le 6 mars 766, Chrodegang avait dirigé son diocèse pendant vingt-trois ans. Ses reliques, transférées de Metz à Gorze, puis de Gorze à l’abbaye de Saint-Symphorien, furent hélas dispersées pendant la révolution. La cathédrale de Metz conserve cependant quelques restes du saint évêque.
Presque oublié de nos calendriers, qui lui préfèrent sainte Colette, Chrodegang n’en demeure pas moins fêté au diocèse de Metz. Mais c’est le 3 octobre, jour de sa consécration, qu’on lui donne une messe. Afin d’éviter d’avoir à festoyer en pleine période de Carême.