Le petit village d’Olley, dans la Vallée de l’Orne, abrite une église romane pour le moins remarquable. Une église toute en arcs en plein cintre et en bandes lombardes et qui reste mâtinée, pourtant, de quelques rares éléments gothiques. A l’instar de cette sculpture qui ouvre sur ce qu’on appelle, dans le jargon des passionnés d’architecture et de vieilles pierres un « oculus eucharistique ».
Le principe est simple. Il consiste à ménager une ouverture dans le mur du chevet de l’église, à l’endroit même où reposent les saintes espèces. Ainsi, les fidèles peuvent venir adorer le Saint-Sacrement, même quand l’église est fermée. Sur un plan plus symbolique encore, l’hostie consacrée, devenue corps du Christ, veille alors, par cette ouverture, sur le village, ses habitants et, au-delà, sur les bêtes et sur les récoltes.
Mais cet oculus, c’est aussi un S à l’envers. Une espèce de serpent, dans lequel je ne peux m’empêcher de voir la Vouivre, ce long serpent légendaire, coiffé d’un diadème où scintille une rutilante émeraude et qui, d’après les anciens, commanderait les sources et les rivières souterraines. La Vouivre, c’est le fluide, les forces secrètes et telluriques. C’est le serpent-monde, et dont le nom aurait donné, peut-être, celui de Woëvre, cette plaine argileuse dans laquelle les cours d’eau filent tous vers l’Orient.
De la religion. Et un peu de superstitions. Etonnant mélange des genres en cette église romane à Olley en Lorraine.