A livres ouverts … Le bibliophile que je suis voudrais vous faire partager quelques trésors des bibliothèques de la province. Des livres, des incunables, des manuscrits, des ouvrages dénichés chez les libraires et d’autres sagement alignés sur les rayonnages de nos bibliothèques. Bref, des trésors qui forment, au même titre que nos lavoirs, chapelles et autres croix de chemins, que nos fêtes, coutumes, patois et recettes, un patrimoine à part entière.
Commençons cette nouvelle catégorie de chroniques par un tout petit livre. De format in-12, il tient en effet dans le creux de la main. Il s’intitule Education lorraine élémentaire, Histoire des Duchés de Lorraine et de Bar et des Trois-Evêchés, précis de Géographie Lorraine. L’auteur de cet opuscule n’est autre qu’Emile Bégin, membre éminent de l’Académie Nationale de Metz, historien qui connut son heure de gloire dans la première moitié du XIXème siècle, en publiant notamment une monumentale Biographie de la Moselle, Metz depuis 18 siècles et une Histoire des Sciences, des Lettres, des Arts et de la civilisation en Pays Messin.
C’est en 1836 qu’il publie ce petit précis d’histoire lorraine. Imprimé chez Verronais, célèbre libraire messin, ce livre se veut être à l’usage des enfants. Des enfants de la meilleure société lorraine, alors. Car le livre n’est pas franchement des plus pédagogiques. Ecrit en petits caractères, usant de termes souvent compliqués, il tente de faire le point sur l’histoire mouvementée de notre région. A la fin de l’ouvrage, une planche présente les portraits des ducs de Lorraine. Portraits qui, par ailleurs, semblent assez fantaisistes.
Mais qu’importe ! En publiant ce livre, Bégin ouvre une brèche. Il met l’histoire de la Lorraine à la portée des enfants. Jean Morette, René Bastien, Pierre Brasme en feront autant, à grands renforts d’images et de dessins charmants ! Car oui, l’enjeu est énorme, que de transmettre, aux plus jeunes, toute cette histoire qui, hélas, n’est pas enseignée en cours d’histoire. Sauf, peut-être, dans un petit collège perdu dans la Vallée de la Canner. Mais ça, justement, c’est une autre histoire.