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La Carrière Barrois ou le grand canyon de Lorraine

La Carrière Barrois à Freyming-Merlebach (Crédits photo : Jean-Marie Guzik - Les Carnets de Moselle-Est)

Après avoir été exploitée pendant des décennies pour son gisement de grès bigarré, la Carrière Barrois, située à Freyming-Merlebach, offre un paysage unique en Lorraine aux faux airs de bush australien ou de canyon américain.

On y a extrait du cuivre, du plomb, du charbon ou encore du sable. Mais depuis la fin de son exploitation industrielle en 2001, la nature y a repris ses droits. Si bien qu’aujourd’hui, la Carrière Barrois, qui s’étire sur 7,5 kilomètres de long et sur 850 mètres de large entre Saint-Avold et Freyming-Merlebach, constitue un véritable havre de biodiversité et un site emblématique du massif frontalier dépressionnaire du Warndt, qui signifie « forêt interdite » en vieil allemand.

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Le grand canyon lorrain sous la lumière du Soleil couchant (Crédits photo : Jean-Marie Guzik – Les Carnets de Moselle-Est)

Cette vallée d’ocre au sol pauvre présente un paysage fracturé et déchiré par les haveuses et une extraction intensive débutée en 1920. On l’aperçoit déjà de manière nette lorsqu’on passe sur les hauteurs de Longeville-lès-Saint-Avold. Le rebord du plateau lorrain, argileux, s’avance en effet là avec ses pâturages et ses champs comme un balcon au-dessus du Warndt, avec son grès rose des Vosges et sa plaine sableuse et forestière. Avant de devenir un véritable gruyère de galeries souterraines plus ou moins profondes, le site fut colonisé par l’homme dès l’Antiquité. Ferrugineux, le grès joue ici le rôle d’un filtre naturel à ce réservoir souterrain alimenté par l’eau du massif vosgien. Mais au temps de l’extraction minière, les haveuses de surface ont en accéléré l’érosion en concassant la roche en sable pour remblayer les chantiers.

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Lors de sorties nature, il est possible de découvrir la faune de la Carrière Barrois, paradis des batraciens (Crédits photo : Jean-Marie Guzik – Les Carnets de Moselle-Est)

Depuis la fin de cette époque, les machines et les engins ont disparu pour laisser place à des étangs, des pins sylvestres, des bouleaux et des genêts jaunes. Si bien que la carrière est devenue un sanctuaire pour des différentes espèces rares comme le crapaud vert, le pélobate brun, le butoir étoilé ou encore le grand-duc d’Europe. Les espaces humides du site constituent quant à eux un paradis pour des insectes tout aussi rares que la libellule sympetrum danae, le criquet œdipode aigue-marine ou l’agrion nain.

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La Carrière Barrois offre un paysage unique en Lorraine (Crédits photo : Jean-Marie Guzik – Les Carnets de Moselle-Est)

Classé réserve Natura 2000 sur sa partie allemande, le site a récemment été ouvert au public à Freyming-Merlebach. Les six intercommunalités qui en sont gestionnaires en Moselle tentent d’harmoniser leur politique pour œuvrer au développement environnemental et touristique de la Carrière Barrois.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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Un Commentaire

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  1. Surprenant écrin de nature en plein cœur de l’ancien bassin houiller lorrain et de ses cités minières, la Carrière Barrois de Freyming-Merlebach doit son nom à Charles Barrois, un géologue lillois né en 1851. Du minerai de fer y fut prélevé dès 1750 pour alimenter les forges installées à Sainte-Fontaine, ainsi que les verreries artisanales de Freyming-Merlebach, avant que le site ne devienne une vaste carrière de sable destinée à remblayer les chantiers des mines de charbon une fois l’exploitation de leurs couches terminées. 160 personnes travaillèrent au plus fort de l’activité de ce qui fut la plus grande carrière des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL). Un Stalag allemand pour prisonniers soviétiques y fut installé pendant la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci fut ensuite remplacé par un camp français pour prisonniers allemands. Malgré la renaturation du site entreprise après l’arrêt de l’exploitation de la carrière en 2001, les paysages restent encore profondément marqués par un siècle d’activité industrielle. En témoignent le schistier au Sud ou encore les impressionnantes falaises de grès au Nord qui atteignent parfois les 80 mètres de haut et qui sont le résultat des innombrables entailles effectuées dans la roche. Entre ces deux points, deux étangs se sont formés. Le premier est une résurgence de la nappe phréatique qui a été atteinte par les creusements. Le second est artificiel. Il a été rempli par l’eau injectée dans les galeries avec le sable avant d’être repompée par la suite. Une végétation atypique a depuis progressivement émergée dans la carrière, avec notamment l’apparition de genêts, de bouleaux, de pins et de peupliers. Les nombreuses mares abritent une faune diversifiée et rare caractérisée par des libellules, le pélobate brun ou encore le crapaud vert. Les falaises sont quant à elle le repère du hibou grand-duc d’Europe et du faucon pèlerin. La roseraie créée en 1965 située à l’entrée du quartier Reumaux constitue une autre originalité du site avec ses dizaines de variétés de roses. Le chemin de ronde de la Forêt du Warndt, qui longe la frontière, permet de faire le tour de la carrière. On suit ici en réalité le tracé de la Via Regalis, ancienne voie romaine qui reliait durant l’Antiquité Metz à Worms. Le sentier, parsemé de borne datant de 1830, conduit à un belvédère qui offre un magnifique panorama sur la carrière et ses étangs.

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