Le Livre des tournois du Roi René, de son vrai titre Traicté de la forme et devis comme on fait un tournoi, est une merveille de la littérature de la fin du Moyen-âge. Il a été composé par et pour le Roi René. René d’Anjou, celui qui hérita du Duché de Bar et devint Duc de Lorraine en vertu du mariage qu’il contracta avec Isabelle, la fille et unique héritière du Duc Charles II. Le bon Roi René, comme on disait aussi, puisqu’en plus des titres de Comte d’Anjou et du Maine, de Duc de Bar et de Lorraine, il se réclamait de la Provence, ainsi que des royaumes d’Aragon, de Sicile et de Jérusalem.
Amoureux des arts et grand bibliophile, le bon Roi René commanda, au cours de sa vie, une série de manuscrits prestigieux, au premier rang desquels figurent le Mortifiement de vaine plaisance, le Livre du cœur d’amour épris et ce fameux traité des tournois.
C’est un code d’honneur autant qu’un manuel de chevalerie. Il imagine un combat fictif entre le Duc de Bretagne et le Duc de Bourbon. Le livre conte par le détail comment on doit défier son adversaire, la manière dont il faut caparaçonner son destrier, comment il faut tenir la lance et lancer son cheval. Il narre aussi les prix que l’on peut remporter, les bals organisés au soir des joutes, le rôle du héraut d’armes qui se doit de connaître les blasons et de louer les prouesses des meilleurs chevaliers.
Hélas, à l’heure où ce livre est écrit, la chevalerie est déjà sur le déclin. Les tournois deviennent moins des manifestations mondaines que de réels entraînements au combat. Les armures étincelantes, les écus peints et décorés ne parviennent pas à masquer la réalité : la guerre a changé. Bombardes et couleuvrines réduisent désormais les places fortes les plus inexpugnables. En Suisse, piquiers et lansquenets parviennent à arrêter des charges de cavalerie !
La chevalerie se meurt. La chevalerie est morte. Ne reste que l’honneur ! La valeur de la parole donnée.