C’est à Bettelainville, près de Vigy, que se trouve le panneau ci-dessous. Un simple panneau, me direz-vous, dans lequel on évitera, peut-être, de tomber. Ce panneau est une merveille de toponymie. En effet, les noms de lieux d’origine germanique côtoient les noms typiquement romans. Et pour cause, le village de Bettelainville, où se situe ce panneau, est en quelque sorte placé aux confins de la Lorraine romane et de la Lorraine thioise, sur cette frontière linguistique qui a forgé en grande partie l’identité de la région.
Prenons le temps d’examiner chacun de ces toponymes. Altroff, pour commencer, est une déformation d’Alt–dorf, deux mots signifiant « vieux et village ». Aboncourt n’est autre que le Abonis curtis, ou domaine d’Abbo, mentionné dès 815 dans un diplôme carolingien. Ebersviller, ou Ewerschweila en Platt, est un nom de lieu formé à partir d’un nom de personne d’origine germanique, peut-être Eber, ou Ewer.
Kédange, que les Allemands rebaptisèrent Kedingen pendant l’Annexion, est cité dès 888 sous la forme Ketinga. Le toponyme désignerait le domaine d’un certain Ketto ou Kedo. Sauf si ce nom désigne la boucle ou le méandre, auquel cas Kédange devrait se comprendre comme étant le domaine dans la boucle de la Canner. Luttange est enfin cité dès 825 sous la forme Leutermingas. Comme Kédange, le suffixe en –ange est une francisation de l’allemand –ingen. Ici, le nom désignerait le domaine de Lutto.
Bien-sûr, la toponymie reste une science complexe et qui permet que très rarement de formuler des certitudes. Elle nous livre, néanmoins, des informations sur les personnes, sur la langue, sur le peuplement de notre région. Elle nous permet en fin de nous approprier un peu plus nos terroirs et nos territoires.