Comme dans le reste de la France, le Lorrain utilise la lettre X, et pas nécessairement avec les sous-entendus qu’on lui connaît. La seule différence entre les Lorrains et les Français de l’intérieur viendra de la manière de prononcer cette lettre. En effet, entre Meuse et Vosges, le X peut tantôt se transformer en un S sifflant, en un CH chuintant, voire se prononcer GZ, là où la plupart des Français prononcent QS lorsqu’ils lisent la lettre X.
Ainsi, certains toponymes ne se prononcent pas toujours comme on pourrait le penser. Les villages vosgiens de Xertigny ou de Xamontarupt se prononcent, par les autochtones « Gzertigny » ou « Gzamontarupt ». De même, les villages de Puxe et Puche trouvent une origine dans le mot latin « pusio », qui désigne le puits.
Une tradition ancienne prétend que cette manière bien lorraine de prononcer le X aurait servi, en 1477, à confondre les Bourguignons rescapés de la terrible Bataille de Nancy. Ces derniers auraient en effet été amenés à lire le nom de Maxéville, petite ville située à l’Ouest de la capitale ducale. Et malheur à ceux qui ne prononçaient pas « Machéville », comme le faisaient les Lorrains ! Je doute toutefois qu’au XVème siècle, Maxéville disposât déjà d’un joli panneau à l’entrée de la commune.
Dans les années 60 les spinaliens parlaient du pont de la X(ch)attente
Dans mon village natal, Einvaux (Ninvâ en patois lorrain) ainsi qu’à Moriviller, Xermaménil se disait HH’mâmèni et les gens de Xermaménil étaient appelés les HH’mâs (les Xermas). Sinon, Nom’hhèy, Vaub’hhèy en patois d’Uriménil (dictionnaire de Nicolas Haillant)
Les prononciations que vous indiquez sont une étape, à un instant T dans leur l’évolution.
Beaucoup de ces X du milieu du duché proviennent très probablement d’une lettre ayant une graphie proche du X et dont la prononciation est toujours la référence en phonétique. Il s’agit de la lettre greque χ (chi).
Ainsi, le lorrain contenait le son [ χ ] inexistant en français actuel mais très présent en allemand, en arabe, en espagnol, en russe…
Il est intéressant de noter que Godefroy écrit dans son dictionnaire de l’ancien français «paissonal» alors qu’Henri Lepage transcrit d’une charte lorraine : «paiχonnal».
(un porc paiχonnal est un porc engraissé à la pâture forestière ce qui générait un impôt).
Toujours à ce sujet, on raconte que les polonais qui avaient suivi Stanislas étaient terrorisés à l’idée de prononcer Laχou. Cependant, j’en ai parlé à une polonaise qui s’est écriée : mais c’est stupide puisque ce son existe aussi en polonais ?
This article is very, very interesting! Would it be possible to give the pronunciation of this “X” as it would sound in an English word? Thanks!
It’s a mixed of Don Qui[CH]ote ; [K]Aled ; Offenba[CH].
Et Ubexy se probonce Ubsy …..
Oui et Nomecy, Vaubsy…
Alors que Xérmaménil se prononçait CHérmaménil en expirant CH du fond de la gorge.
Dans Saint-Max, X était un R guttural et assourdi, presque inaudible. On l’entend encore aujourd’hui mais ça devient rare.