Située à flanc de montagne au cœur de l’immense forêt domaniale de Dabo, à quelques kilomètres seulement du légendaire Rocher, la Maison forestière du Spitzberg a été construite entièrement en grès rose des Vosges de 1900 à 1906 pour servir de pavillon de chasse au Kaiser Guillaume II. Inhabitée depuis le début des années 2000, elle se trouvait en piteux état et menaçait de tomber en ruine jusqu’à l’intervention de l’association « Les Amis du Spitzberg » en 2013. Depuis, les bénévoles ont réalisé un travail extraordinaire qui doit permettre de sauvegarder l’édifice.
Témoin de l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine en 1871, la Maison forestière du Spitzberg retrouve petit à petit son lustre d’antan. Œuvre de l’architecte prussien Richard Kuder, qui a également dessiné les plans du Palais des Fêtes de Strasbourg, la bâtisse dévoile ses imposantes et singulières façades au détour d’un chemin forestier régulièrement emprunté par des randonneurs. Elle présente à l’avant deux très grandes vérandas de style bavarois. L’arrière de l’édifice s’inspire quant à lui d’une ferme alsacienne à colombages. La Maison forestière du Spitzberg constitue l’un des quatorze écarts qui forment la commune de Dabo. A l’image des nombreuses autres maisons forestières qui parsèment les quatre mille hectares de forêts domaniales daboisiennes, elle rappelle encore aujourd’hui le rôle central que joue l’activité forestière dans le massif vosgien. Il faut dire que juste après la fin de la Première Guerre mondiale, elle devînt la propriété de l’Office National des Forêts (ONF).
Les travaux de restauration de la Maison forestière du Spitzberg sont entrés dans une autre dimension depuis que l’association des « Amis du Spitzberg » a réussi à obtenir en 2020 174 000 euros de la part de la Mission Patrimoine pilotée par Stéphane Bern. Grâce à cette manne financière, l’important chantier de la réfection de la toiture a pu être engagé. Par ailleurs, en partenariat avec l’association « Terres et couleurs », les boiseries extérieures du bâtiment, à savoir les colombages, les volets et les poutres, ont été repeintes en ocre avec des pigments naturels. Les vérandas ont ainsi retrouvé leur caractère d’époque. A noter enfin que l’ocre, qui n’est pas toxique, permet aussi de rendre les bois imputrescibles et résistants aux ultraviolets.