Le village de Vantoux, aux portes de Metz, a longtemps abrité une importante communauté juive. De nombreuses familles, pour la plupart originaires d’Allemagne et de Metz, s’y installèrent en effet à la fin du XVIIème siècle pour fuir les persécutions dont elles faisaient l’objet. A tel point qu’en 1830, sur les 420 habitants que comptait Vantoux, 211 étaient juifs. Il y avait parmi ceux-ci 32 bouchers et marchands de bestiaux qui avaient fait de la commune une véritable plaque tournante du commerce de viandes. A la fin du XVIIIème siècle, 35 familles juives, parfaitement intégrées, vivaient à Vantoux. Afin de pouvoir inhumer leurs défunts, les juifs de Vantoux, mais aussi de Vallières et de Mey, acquirent le 31 octobre 1736 auprès de Claude Saget, un seigneur de Vantoux, un terrain situé Chemin de Belle Croix, à la sortie du village, pour aménager un cimetière en face du cimetière communal catholique. Une synagogue fut élevée plus tard, en 1777, tout comme une école et un abattoir rituel.
Le cimetière juif de Vantoux est l’un des plus anciens d’Europe. La première inhumation, celle de Madame Sichem, fille du rabbin Meschonlam, y remonterait à 1739. D’une superficie de 5,42 ares, ce lattré des juifs, comme on dit en lorrain roman pour désigner un cimetière, recèle plus de 200 tombes. La majorité d’entre elles sont dans un excellent état de conservation et arborent des épitaphes toujours bien visibles. Le cimetière accueillit également par la suite les défunts des communautés juives d’Ancerville, d’Augny et de Marly. Sa demande d’agrandissement fut quelques temps après refusée. Il fut par conséquent décidé de recouvrir les plus anciennes sépultures, situées au fond, d’un talus de terre de trois mètres de haut pour pouvoir procéder à de nouvelles inhumations par-dessus.
Le site est administré par le Consistoire central israélite de France. Cette institution a été créée par Napoléon Ier en 1808 pour encadrer le culte israélite en France. S’il conserve donc des tombes très anciennes conformément au caractère perpétuel des cimetières juifs, le cimetière juif de Vantoux est encore parfois utilisé de nos jours. Michel Créhange, ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Metz, y a par exemple été inhumé en 2001, tout comme sa femme, avocate elle-aussi, en juin 2021, selon le rituel juif.
A noter que le cimetière juif de Vantoux fait partie des 45 du même genre qui existent encore en Moselle comme à Augny, Boulay-Moselle, Ennery ou encore Flévy. Mais en plus du cimetière, Vantoux garde d’autres traces de l’ancienne communauté juive qui s’y était installée, à l’image du chemin des juifs qui relie le village à celui de Mey. Avant d’être arpenté par les randonneurs, ce dernier était autrefois emprunté par les membres de la petite communauté juive de Mey pour se rendre à la synagogue de Vantoux. Dans sa dernière partie, le sentier serpente entre les maisons du vieux village de Vantoux et débouche sur l’ancienne synagogue qui a depuis été reconvertie en habitation. Rappelons enfin que la communauté juive a commencé à quitter Vantoux après la signature du Traité de Francfort en 1871 et l’annexion d’une partie de la Lorraine au nouvel empire allemand.