La dernière fois, en zappant distraitement sur la télécommande, je suis tombé sur un film dont le titre, en anglais, ne me disait pas grand-chose. The lost city of Z. Et puis, quand j’ai vu, sur l’écran, des hommes en uniforme, des chevaux, des bateaux à vapeur et des paysages somptueux, j’ai accroché. Le film racontait l’histoire de l’explorateur Percy Fawcett, mandaté par la Société Royale de Géographie pour tracer la frontière bolivo-brésilienne. J’ai alors songé à Laussedat, le polytechnicien qui a piqueté la frontière franco-allemande de 1871. Puis j’ai songé à un autre explorateur, un lorrain au destin incroyable et dont le nom est hélas quelque peu tombé dans l’oubli.
Jules Crevaux, puisque c’est de lui dont il s’agit ici, est né à Lorquin en 1847. Après des études de médecine à l’université de Strasbourg, il embarque à Brest et devient médecin de marine. Il se porte volontaire dans l’armée de la Loire durant la Guerre de 1870. En 1876, à l’occasion d’une mission qu’il effectue en Guyane, il commence à explorer l’intérieur du territoire. C’est certainement à cette occasion qu’il se passionne pour l’Amazonie et qu’il cherche à percer les secrets de la jungle et de ses habitants. Deux ans plus tard, il remonte l’Oyapock quasiment jusqu’à sa source, descend le Rouapir, poursuit vers l’Ouest jusqu’à Bélem.
En 1880, il part de Bogota, remonte le Rio Magdalena, franchit la Cordillère des Andes avant de redescendre l’Orénoque. En 1882, on le retrouve en Bolivie. Le 27 avril, il est au cœur du territoire Tobas, où il est pris à parti dans une guerre tribale. Ses compagnons, qui pourront s’échapper, raconteront que Jules Crevaux a été capturé par les indiens Tobas, exécuté et mangé. Il venait d’avoir 35 ans.
Explorateur méconnu, le lorrain Jules Crevaux aura montré, par ses expéditions, combien le monde est plein d’enchantements et de mystères et combien, dans la vie, tout n’est qu’affaire de rencontres. Des bonnes, et des moins bonnes … Mais des rencontres, toujours !