Eteints depuis fin 2011, le P3 et le P6, les hauts-fourneaux d’ArcelorMittal de Hayange, ne redémarrerons plus, comme cela a été officiellement confirmé il y a un peu plus de deux ans. L’avenir du site dépend désormais des conditions de dépollution qui seront imposées au sidérurgiste.
Tels des phares qui illuminaient autrefois le brouillard industriel, ces cathédrales de feu restent d’éminents symboles de la vallée ouvrière de la Fensch en Lorraine. Si la démolition de ces montres d’acier est théoriquement programmée d’ici deux ou trois ans, des voix s’élèvent désormais, à juste titre, pour les préserver et leur donner un nouvel avenir culturel, économique, urbanistique et touristique. Une pétition en ligne a ainsi dernièrement été lancée pour demander expressément leur maintien.
Il faut dire que les hauts-fourneaux de Hayange constituent des repères et font partie du paysage depuis des décennies. Ils touchent à l’identité et à l’âme ouvrière et industrielle de la Vallée de la Fensch. A tel point qu’ils sont ancrés dans le patrimoine et la tête des Lorrains. Car un haut-fourneau, c’est beau la nuit, illuminé de tout feu, comme à Uckange, exemple d’une reconversion réussie. Certes, il ne s’agit pas de sanctuariser les cinquante hectares de ces friches industrielles implantées en plein cœur de ville à Hayange, mais d’en préserver les éléments les plus symboliques et incontournables pour les intégrer à une reconquête urbaine, économique et culturel comme cela a été fait à Belval, au Luxembourg, ou encore à Leipzig ou à Berlin. L’idée est de reconstruire autour de ces hauts-fourneaux, de les transformer avec fierté en nouveau lieu de vie au service des habitants et du développement de la vallée. Au-delà d’y implanter de nouvelles activités économiques, voire des logements si la dépollution le permet, le site pourrait par exemple accueillir le grand musée lorrain de la sidérurgie tant réclamé.
Bien entendu, il y a déjà l’U4, le haut-fourneau qui a été en partie conservé à Uckange, ainsi qu’un bout de haut-fourneau couché sur le green du golf de Longwy. Mais qu’est-ce au regard du passé industriel et de la puissante sidérurgie qui a marqué l’histoire de la Lorraine ? Le site de Hayange est plus important, plus fort, plus impressionnant. Il ne doit pas disparaître au risque que les Lorrains deviennent amnésiques. Au risque de perdre définitivement cette mémoire ouvrière qui a été forgée à la sueur, au labeur, dans la poussière et dans un bruit ahurissant, dans le fracas de la fusion.
En attendant, la phase de nettoyage du site a débuté. Elle doit durer jusqu’à la fin de l’année. Près de 18 000 tonnes de ferrailles doivent être triées puis envoyées pour être recyclées à l’aciérie de Dunkerque. ArcelorMittal s’est en effet engagé à dépolluer le site pour le mettre à disposition en vue d’accueillir une nouvelle activité industrielle. Une dépollution qui ne concerne que la surface et non les sols. C’est aussi tout l’enjeu et le débat.