On raconte qu’il y a bien longtemps de cela vivait, dans un palais de cristal situé quelque part au fond de la Nied, une ondine, pas plus grande qu’une libellule, mais terriblement jolie et généreuse à souhait. Elle prodiguait, aux personnes qui peuplaient les berges de la rivière, tout un tas de richesses délicates, qui allaient des fleurs immaculées qui s’épanouissaient chaque printemps jusqu’aux magnifiques feuilles dorées dont les saules se paraient, à chaque automne.
Car l’ondine était une fée. Un de ces êtres discret et plein de charme et qui connaissait tout un tas de tours et d’artifices capables d’enchanter le monde qui est le nôtre. Chaque année, lors du solstice d’été, elle avait coutume de saluer son peuple en remontant le cours de la rivière dans une conque tirée par six canards dorés.
Or, il arriva, une année, qu’un méchant chasseur s’était posté dans les roseaux, quelque part sur les bords de la Nied. Quand il vit les canards arriver au détour d’un méandre, le chasseur épaula son fusil. Insensible à l’étonnant spectacle qu’il avait sous les yeux, il tira et abattit l’un des jolis canards. Son chien alla chercher la proie. Et l’ondine, apeurée par la scène qui venait de se jouer, plongea dans la rivière en un battement de cils.
On raconte que, depuis ce jour-là, la petite ondine de la Nied ne s’est plus jamais montrée. Elle pleurerait, là-bas, dans son palais de cristal situé quelque part dans un méandre, au fond de la rivière. D’autres racontent qu’elle se montre parfois, par certains soirs d’été, aux quelques rares personnes qui savent apprécier les charmes et les beautés de la nature. Moi-même, je vous l’assure, il me semble l’avoir déjà aperçue, un jour que je me promenais et que je rêvais, là-bas, sur les bords de la Nied.