« Tempus edax rerum », nous dit un proverbe latin. Le temps efface toute chose. Le temps, cet assassin, chantait Renaud, qui emporte avec lui les rires des enfants. Les rires, et les souvenirs. Et qui finira peut-être par tuer, comme on a tué, à coups de baïonnettes ou à grands coups de canon, toute une génération, il y a un peu plus d’un siècle.
Cela fait un peu plus d’un siècle. Cent-sept ans que ce conflit a débuté. On en a célébré le centenaire. On a assisté, un peu partout, à d’émouvantes commémorations. Des drapeaux, des grands discours. Des inaugurations, aussi. Et maintenant, on fait quoi ?
On répète, me direz-vous. On répète, encore et encore et sans jamais se lasser, ce que fut la Grande Guerre. L’horreur des tranchées. Le sacrifice des soldats. La boue. Les poux. Les gueules cassées. On répète et on explique combien la guerre et horrible et vaine.
On répète, en se demandant si dans dix, quinze ou vingt ans, la mémoire du conflit ne se sera pas encore un peu plus évaporée. La jeune génération, hélas, est si prompte à se tourner vers d’autres centres d’intérêt. Faut-il, alors, capter l’attention en captant justement, les centres d’intérêts de nos jeunes ? Doit-on créer des musées de plus en plus interactifs, reconstituer des tranchées, proposer des « expériences » ? Au risque de dysneylandiser l’histoire. On met aujourd’hui 14-18 jusque dans les jeux vidéos. On virtualise l’histoire. On fait de la guerre, un jeu. On met en scène la mémoire.
A tort. Ou a raison. Le débat est ouvert, qui déchainera peut-être les passions. Comment transmettre ? Comment continuer à infuser, dans les esprits des plus jeunes, cet amour de la paix et de la liberté ? Faire de l’histoire, ce n’est pas seulement compiler des dates et des anecdotes. Ce n’est pas seulement raconter. C’est aussi méditer sur l’humain. Philosopher. Et finir par se rendre compte que ce n’est que dans la transmission réelle et efficace de nos connaissances et de nos valeurs que l’on pourra, en somme, bâtir un monde un peu meilleur.
N’oublions jamais !