150 ans après la fin de l’indépendance du Duché de Lorraine, une partie de la Lorraine regoûta à la liberté un bref instant à travers l’Alsace-Lorraine. Du 10 novembre au 22 novembre 1918 plus précisément, soit douze jours. On pourrait résumer cela à une simple parenthèse de l’Histoire. Pourtant les revendications et mouvements ayant mené à cette indépendance de courte durée valent la peine de s’y intéresser.
Tout commence officiellement le 30 octobre 1918. L’Empire allemand constate la naissance de nombreuses insurrections révolutionnaires d’inspiration communiste à travers tout son territoire. De grands conseils d’ouvriers et de soldats émergent dans de nombreuses villes allemandes, dont notamment Strasbourg et Metz. La fin de la « Grande Guerre » a laissé place aux théories révolutionnaires qui submergèrent l’Europe. La Marine Impériale allemande connut de nombreuses mutineries. A tel point que les marins contrôlent désormais les ports. Ils sont rejoints par des ouvriers et des syndicats populaires. De simples révoltes, naissent des conseils de paysans, d’ouvriers et de soldats qui accaparent le pouvoir. Ces événements mènent à la fin de l’Empire allemand et à l’émiettement de l’ordre publique qui sera finalement rétabli par ces fameux « Conseils ».
Parmi ces marins, 15 000 sont issus d’Alsace et de Lorraine. Imbibés des idéaux révolutionnaires qui grondent au travers des territoires allemands, ils reviennent sur leurs terres à la fin de la guerre, en portant les mêmes intentions que leurs homologues. Au lendemain de la proclamation officielle de la République des Conseils de Bavière, le 9 novembre 1918, Strasbourg grouille de manifestants Place Kléber qui exclament le retour des marins impériaux natifs d’Alsace-Lorraine. Dès le 10 novembre, les révolutionnaires prennent le contrôle de nombreuses villes alsaciennes comme Molsheim, Colmar, Bischwiller, Schiltigheim, Erstein ou encore Mulhouse.
L’Armistice est signé le 11 novembre 1918. Il est donc prévu une période de transition entre le départ des autorités allemandes et l’arrivée des autorités françaises. De là, prend naissance la République des Conseils d’Alsace-Lorraine formée par des révoltés ouvriers et soldats. L’organisation politique est basée sur le communisme de conseils. C’est-à-dire la « démocratie de conseil » qui prend source sous une forme de démocratie directe où tout travailleur exerce un pouvoir, au plus près du pouvoir politique. Ce communisme va en opposition avec le communisme dit « de parti » qui lui se base sur l’unique parti communiste, dont le rôle politique est strictement confisqué par l’Etat. Ce communisme de conseils s’inscrit mieux dans les intérêts du mouvement ouvrier de l’époque.
En cet automne 1918, les « drapeaux rouges » sont érigés sur tout Strasbourg, ville devenue capitale de cette république des conseils. Les premières mesures prises décrètent une amnistie. S’en suit la proclamation des libertés de la presse. Les grèves s’accumulent, les revendications salariales explosent. Les conseils ouvriers votent alors un décret obligeant les propriétaires d’usines de l’opposition à augmenter les salaires.
Mais tous ces espoirs d’une république nouvelle, ni allemande, ni française, sont éphémères. Le 17 novembre, les troupes françaises font leur entrer en Alsace et le 21 novembre, elles sont à Strasbourg. La France annexe l’Alsace-Lorraine. Cela a pour effet l’abolition de la République d’Alsace-Lorraine le 22 novembre 1918. Les dirigeants de l’ancien Reichsland d’Alsace-Lorraine s’étaient laissés guider par les mots du président américain Wilson. Sa promesse sur le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ne pourra donc pas bénéficier à l’Alsace-Lorraine rattachée formellement et radicalement à la France lors du Traité de Versailles qui n’a organisé aucune consultation des populations qui se sentiront longtemps comme marginalisées.
Ce qu’il faut retenir de cette péripétie, ce ne sont pas tant les efforts vains de populations considérées tantôt allemandes, tantôt françaises, qui souhaitent s’affranchir des dominations extérieures, mais le traumatisme et les identités déchirées qui ont résulté de ces dislocations territoriales incessantes.
vous ne lirez jamais sur un monument aux morts en lorraine mais toujours le nom de la localité avec l’inscription thiaucourt à ses morts…
histoire de la lorraine,
bonjour, VOUS NE LIREZ JAMAIS SUR UN MONUMENT AUX MORTS EN LORRAINE <, MAIS TOUJOURS LE NOM DE LA LOCALITé à ses morts, THIAUCOURT à SES MORTS, MAIDIèRES à SES MORTS…, DANS LES VOSGES, DANS LA MEUSE, ET EN MOSELLE, PAREIL, tout simplement parce que LA LORRAINE N’EST PAS LA FRANCE, salutations. M.D.