C’est une élection régionale de Miss France vraiment pas comme les autres qui s’est déroulée le samedi 5 septembre dernier au Centre Culturel Gilbert Zang de Remiremont, dans les Vosges : seize candidates, soit quatre par département lorrain, 160 spectateurs seulement en raison de la pandémie de Covid-19 et 8 000 votes par SMS. Diane Febvay de Piblange en Moselle a été élue 46ème Miss Lorraine. Pourtant, sans avoir rien laisser transparaître, elle avait perdu sa mère la veille.
Une jeune femme de caractère
Depuis le CM2, elle rêve de devenir avocate. Actuellement en deuxième année de droit à Metz pour étudier le droit pénal et la criminologie, Diane Febvay a vu son brillant parcours mis entre parenthèse. Bien que cours et TD soient dispensés en distanciel, elle vient d’obtenir un RSE (Régime Spécial d’Etude) depuis qu’elle est devenue Miss Lorraine. Etre miss n’a jamais été son rêve même en regardant chaque année l’élection de Miss France à la télévision. Fille unique, élève sage et sérieuse, très croyante, elle a toujours aimé l’école : de l’école primaire à Piblange au collège à Bouzonville et au lycée à Creutzwald, où elle a obtenu un bac « Economie et social » avec mention. 19 ans, 1,77 mètre, yeux verts et longs cheveux châtains, Diane se dit normale comme toutes les jeunes filles de son âge. Elle a du caractère et se définit comme joviale, au contact facile, pas rancunière, têtue et très organisée. « Je veux réussir tout ce que j’entreprends et il ne faut jamais baisser les bras », confesse-t-elle tout en ajoutant : « Dans tous les événements, j’essaie de transformer tout ce qui est négatif en positif ». Et de la force de caractère, il lui en a fallu. Après avoir perdu son père, Bernard, soixante ans, d’un anévrisme voici cinq ans, c’est sa mère, Valéria, 59 ans, Maire de Piblange, qui vient de disparaître d’un cancer foudroyant le 4 septembre dernier.
« Mon étoile »
Et pourtant, le lendemain, à Remiremont, Diane était élue Miss Lorraine avec une confortable avance sur ses dauphines. Tout le monde lui avait dit d’y aller. « La joie d’être élue a été ternie par la perte de mon étoile. Mes émotions étaient différentes. Mais je n’ai rien laissé transparaître. J’ai horreur de l’empathie et de la compassion », explique la jeune miss qui complète : « Je ne voulais pas que cela fasse pencher la balance ». Après les remerciements, elle a simplement ajouté : « J’ai perdu ma mère hier et je lui dédie ce titre ». Un déferlement d’articles, Voici, Closer, Paris Match, s’en est suivi déclenchant un petit buzz. Sa mère l’a toujours soutenue dans cette aventure, mais c’est Denis Butterbach, Maire de Valmunster, qui l’a vraiment poussée à s’inscrire au casting en février. « Je n’en avais jamais eu l’idée. Je ne voulais pas me lancer dans une aventure sans avoir fini mon cursus universitaire. Je veux devenir avocate », répète-t-elle. Après un casting en plusieurs étapes, Diane a été sélectionnée sur vidéo, Covid-19 oblige, par le Comité Miss Lorraine. Ce samedi soir 5 septembre, tout Piblange, un village de mille habitants sur la route Metz-Bouzonville, à quinze kilomètres de Boulay-Moselle, était devant YouTube, pour voter pour la N°2. A son retour, à deux heures du matin, l’accueil a été triomphal : tracteurs, concert de klaxons, habitants attendaient l’enfant du pays. « Après mon élection, je n’ai pas eu le temps de penser. Ma nouvelle vie arrivait : je vis des trucs incroyables, que des belles choses. C’est l’aventure d’une vie, on ne peut pas regretter », affirme Diane, haut et fort. Elle sera l’une des 28 candidates au titre de Miss France qui fêtera, à l’occasion, son centenaire.
Un agenda d’enfer
Son nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux a bondi, multiplié par dix, et elle croule sous les messages. Diane a connu un premier mois de règne très agité à l’agenda bien rempli, malgré le Covid-19 : Paris, salons, Foire Internationale de Metz, sponsors, écoles, dédicaces, associations, avant un long voyage vers une destination encore inconnue, suivi de quinze jours de répétitions au Puy du Fou, où se déroulera l’élection de Miss France le 12 décembre prochain. Au milieu de cette vie trépidante et surbookée, les démarches administratives à la suite du décès de sa mère, deviennent ingérables. « J’ai grandi dans un environnement sain et confortable et ma famille est toute ma vie. J’ai de la chance de les avoir pour m’épauler », confesse Diane qui vit désormais seule avec sa grand-mère et son chien, « Bibouille », sa thérapie.
Tant pis pour les féministes
« Avec 36-38 de taille, je casse un peu l’image des miss qui font du 34. J’ai un peu de formes et je ne suis pas plate. J’ai fait un choix : je suis libre dans tout ce que je fais et entreprends. Je veux défendre l’image de la femme qui ne fait pas forcément du 34-36, tonne-t-elle. Véritable touche à tout, théâtre, cinéma, musique, Diane adore la mode, les habits et les voyages. A l’approche du 12 décembre, elle ne se prend pas la tête. « Je veux aller jusqu’au bout, je me donne au maximum. On n’a qu’une vie, il faut la vivre à fond. Quoiqu’il arrive le 12, je suis déjà gagnante. Ce n’est pas qu’un concours de beauté, je suis aussi et surtout l’ambassadrice de la Lorraine pour aller à la rencontre des gens », conclut Diane qui sera peut-être la quatrième Miss Lorraine à devenir Miss France. Sophie Thalmann en 1997 a été la dernière.