Dans son nouvel ouvrage intitulé Hauts-lieux de l’histoire lorraine, Kévin Goeuriot endosse plusieurs tuniques. Celle de l’historien bien sûr, mais aussi celles de l’aventurier et de l’enchanteur. Le tout pour nous faire explorer les méandres de l’histoire de ce formidable petit pays qu’est la Lorraine. De la citadelle de Bitche aux mines de cuivre du Thillot, en passant par la Place Stanislas de Nancy et les champs de bataille de Verdun, le livre est une véritable invitation à la rêverie et à de superbes découvertes. Il nous emmène dans un voyage surprenant à travers l’histoire de la Lorraine, des grottes préhistoriques du Rudemont aux couloirs du Centre Pompidou-Metz. Quelques millénaires séparent ces deux hauts-lieux lorrains, quelques millénaires qui sont les témoins d’une passé à la fois riche et mouvementé, tragique aussi.
BLE Lorraine : Pourquoi avoir décidé de parler des hauts-lieux de l’histoire lorraine dans votre nouvel ouvrage ?
Kévin Goeuriot : « L’idée de consacrer un ouvrage aux hauts-lieux de l’histoire lorraine vient surtout de Hubert Delobette, directeur du Papillon Rouge Editeur, une maison d’édition encore peu connue en Lorraine. Pour lui, il s’agissait de mettre en valeur l’histoire et le patrimoine de notre région à travers cinquante notices assez courtes. J’ai volontairement choisi de les présenter dans l’ordre chronologique, ce qui permet au lecteur de voyager de la Préhistoire jusqu’aux galeries contemporaines du Centre Pompidou-Metz. »
BLE Lorraine : Si vous ne deviez n’en retenir que trois, lesquels présenteriez-vous ? Pourquoi ?
KG : « Le choix est difficile … Mais j’aurais tendance à dire la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, érigée au lendemain de la fameuse victoire de Nancy par laquelle la Lorraine a su maintenir son intégrité sur l’échiquier géopolitique européen. Ensuite la Colline de Sion, ce lieu où souffle l’esprit et où se raconte, en trois phrases qui se terminent par “po tojo” tout le drame de l’histoire lorraine et enfin la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles, juste pour rappeler aux Lorrains qu’ils habitent le cœur et le berceau de l’Europe. »
BLE Lorraine : En quoi l’histoire de la Lorraine est-elle si riche mais aussi si complexe ?
KG : « La Lorraine est une région carrefour en même temps qu’une région-frontière. Dans son histoire, la province n’a fait que jouer au funambule entre romanité et germanité. Les Lorrains peuplent un espace complexe, une terre d’entre-deux qui a connu bien des guerres et bien des malheurs. Je regrette de voir, par-ci, par-là, combien les Lorrains méconnaissent leur histoire. Quand je demande, en conférence par exemple, au public de citer un duc de Lorraine, bien souvent, c’est le nom de Stanislas qui revient. Lequel est peut-être bien le moins lorrain de tous nos ducs. »
BLE Lorraine : La Lorraine reste en effet une terre injustement méconnue. Comment faire pour y remédier et comment donner envie aux Lorrains de s’intéresser à leur propre histoire ?
KG : « Je crois qu’il faut jouer la carte de la pédagogie et peut-être, aussi, celle d’une totale décomplexion. On ne peut plus se contenter de la seule histoire de France et de son “roman national”. Je crois qu’il faut varier les angles de vue. Emboîter les échelles. L’histoire de la Lorraine nous enseigne que la province, véritable terre d’accueil, a toujours su se relever des malheurs qui l’ont frappée. C’est, en fait, une formidable leçon d’espoir. Et c’est ce que j’essaye de rappeler, modestement, à travers ma page Facebook et dans ce livre aux cinquante notices pleines de surprises et d’anecdotes méconnues. »