Entre Charmes et Vézelise, au cœur du vieux pays lorrain, la Colline de Sion fait figure de montagne sacrée. Elle a la forme d’un croissant de Lune et son sommet est constellé de petites étoiles de pierres qui, dit-on, portent chance à ceux qui les ramassent.
A la pointe occidentale du croissant, c’est l’antique village de Vaudémont, berceau de la famille ducale et dont la forteresse dresse encore, dans le ciel de la province, les ruines imposantes de la Tour Brunehaut.
A l’autre pointe du croissant de Lune, c’est Sion, avec son sanctuaire marial. Blanche basilique dont la Vierge est censée, depuis des siècles, veiller sur la Lorraine et sur ses habitants. Et où s’affiche aussi, discret mais émouvant, le fameux monument des trois « po tojo ».
En 1873 en effet, au lendemain de l’Annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, des fidèles sont allés apposer une plaque figurant une Croix de Lorraine brisée, entourée de la devise « Ce n’ame po tojo », devise qui en patois lorrain, signifie « Ce n’est pas pour toujours ». Pas pour toujours, sous-entendu, que la Lorraine serait coupée en deux par cette inique annexion.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors que la France venait de retrouver les provinces perdues, on a recollé les morceaux de la Croix de Lorraine en inscrivant cette nouvelle devise « Ce n’ato me po tojo », « Ce n’était pas pour toujours ».
Après la Seconde Guerre mondiale, et son champ d’horreurs et d’erreurs, on a apposé une nouvelle phrase, toute simple et pleine d’espérance « Estour inc po tojo ». « Maintenant, unis pour toujours ! »