Construite sur les flancs d’un coteau qui domine les rives du Madon, la petite ville de Mirecourt abrite un patrimoine à la fois riche et varié. Un patrimoine matériel bien sûr, fait de vieilles pierres et de belles demeures, mais un patrimoine immatériel, aussi, et qui consiste quant à lui en connaissances, en techniques et en savoir-faire.
Car Mirecourt, c’est la cité des luthiers et des dentellières. Il y encore moins d’un siècle, ces dernières alignaient, sur les usoirs de la ville, leurs petites tables remplis de fuseaux de bois et de fils immaculés. On pouvait les voir travailler, entortillant des fils avec une rapidité et une dextérité qui paraissaient friser la sorcellerie. Leurs productions, toute en finesse, était destinée aux grands de ce monde et à la haute couture. Ou, si l’on remonte encore un peu le fil du temps, à la Cour de Lorraine, à ces Charles IV et Léopold, à ces Bassompierre, ces Ligniville ou Lenoncourt qui partaient guerroyer avec, à leurs jabots et sur leurs plastrons de fer, un peu de dentelle de Mirecourt.
Mais Mirecourt, c’est aussi la ville des luthiers. Un joli musée, au bord de la rivière, rend hommage à ces artisans qui méritent d’être qualifiés d’artistes. Mais le mieux, encore, est de les voir à l’œuvre, ces virtuoses du ciseau, de la gouge et du rabot. Il y a dans leurs gestes, un amour indescriptible du travail bien fait. Une précision, une musique même qui annonce, déjà, les trilles du violoniste. Sous leurs gestes, le bois sonne et résonne. Les copeaux se tordent en volutes rousses qui rappellent à la fois les courbes de la clé de sol et la belle chevelure d’un amour de jeunesse.
Des cordes et des fils. Voilà à quoi tient le patrimoine de Mirecourt ! Des cordes pour faire des violons. Des fils pour en faire de la dentelle. Cordes vocales, pourrait-on dire, d’une province tout entière. Fils d’Ariane, pourrait-on ajouter, qui nous guident à travers les méandres de l’histoire lorraine.
L’histoire de la lutherie a commencé à Mirecourt dès le XVIème siècle. Les Ducs de Lorraine occupaient alors un château de plaisance à Mandres, qui devînt plus tard Ravenel, au sein duquel des musiciens et des fabricants d’instruments à cordes apportèrent leurs secrets. Après une période florissante de l’artisanat et de l’industrie des instruments à cordes, l’Ecole Nationale de Lutherie fut créée en 1970 dans la cité lorraine au Lycée Jean-Baptiste Vuillaume. L’établissement, qui porte le nom d’un célèbre luthier de la ville, reçoit chaque année des dizaines de candidatures d’élèves du monde entier. Mais seuls douze sont sélectionnés pour suivre une formation de trois ans et devenir luthier.
un article rempli de poésie
une pause agréable pour aujourd’hui