Entre Metz et Pont-à-Mousson, sur la rive gauche de la Moselle, il est une colline qui étire, depuis des millénaires, sa silhouette solitaire et dénudée. Connue, dans la région, sous le nom de Rudemont, cette petite montagne est encadrée au Nord par la reculée de Gorze et, au Sud, par la pittoresque Vallée du Rupt de Mad.
Le sommet, constamment battu par les vents, présente également la particularité d’être traversé par la limite entre les départements de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle. Limite qui, entre 1871 et 1918 et une nouvelle fois entre 1940 et 1945, a servi de frontière franco-allemande. Si l’on ajoute à cela le fait que le Rudemont offre à son sommet une pelouse calcaire constellées de plantes rares et d’orchidées sauvages, on comprend vite qu’il soit devenu, pour les gens des environs, un agréable but de promenade, du haut duquel la vue porte sur une succession de collines qui se termine, loin vers le Sud, avec la Butte de Mousson.
Mais le Rudemont renferme aussi, dans ses entrailles, une nécropole préhistorique pour le moins originale. En contrebas du sommet s’ouvre en effet, discrètes et étroites, une série de failles, de diaclases, comme disent les géologues, qui ont servi, il y a très, très longtemps, de sépultures. Dans l’une de ces anfractuosités, les fouilles menées entre 1978 et 1983 sous la direction de Christine Guillaume ont révélé plusieurs ossements, ainsi qu’un mobilier de céramique qui a permis de rattacher l’ensemble des trouvailles à la civilisation dite du Michelsberg. Cette dernière, qui a essaimé son savoir-faire dans une vaste région s’étendant du Nord de la Loire à la Vallée du Rhin, semble avoir été active entre 4 200 et 3 400 ans avant Jésus-Christ. Les ossements découverts, au même titre que les poteries pourraient donc être potentiellement âgées de 6 000 ans ! De quoi donner le vertige pour l’historien et l’archéologue.
Inutile toutefois d’aller jouer les archéologues en herbe dans les grottes du Rudemont. L’accès aux grottes a été condamné. Mais le mobilier retrouvé sur place, fragile et disparate, reste exposé au Musée Lorrain, à Nancy. Un peu de patience, celui-ci va bientôt rouvrir ses portes … Et il paraît qu’il sera plus beau, plus grand, plus pédagogique encore !