Et si on poursuivait notre flânerie lorraine en poussant jusqu’à la préfecture des Vosges ? Epinal ! Bâtie de part et d’autre de la Moselle, la ville semble avoir dégringolé de cette colline autrefois couverte d’épines et de laquelle Epinal tirerait son nom. Cette colline, cet éperon pourrait-on dire, abritait au Moyen-âge, le puissant château des prince-évêques. Un château qui, aujourd’hui, est à l’état de ruines et qui reste, pour les Spinaliens, un agréable lieu de promenade.
Mais Epinal, c’est d’abord et avant tout l’imagerie et le musée qui lui est associé. De quoi faire découvrir et apprécier un patrimoine remarquable fait de couleurs et de traits enchevêtrés. Fondée à la fin du XVIIIème siècle par la famille Pellerin, l’Imagerie d’Epinal a d’abord fabriqué des cartes à jouer et quelques images pieuses que les colporteurs, chargés comme des petits mulets, allaient vendre, à pied, dans toute la province, de village en village, de ferme en hameau … Pendant la période napoléonienne, l’imagerie relaye les hauts-faits de l’empereur, depuis la bataille des pyramides jusqu’à la terrible charge d’Eylau, en passant par Austerlitz et Wagram. Puis, au XIXème siècle, l’imagerie produit des poupées à habiller, des maquettes d’avion et de maisons, des documents en lien avec les grandes expositions universelles ou des petits théâtres à monter soi-même. Sans oublier, bien-sûr, ces fameuses devinettes ou des formes et des visages se cachent dans les branchages d’un buisson ou dans les anfractuosités d’un rocher. Transcription graphique des vieilles croyances vosgiennes, en quelque sorte.
L’Imagerie d’Epinal, si elle a connu quelques déboires ces dernières décennies, demeure un patrimoine à part entière. Elle ancre, ou elle encre, pourrait-on dire, notre région dans une longue tradition graphique, qui commence avec les enluminures médiévales et se poursuit avec les gravures de Callot et les dessins de Jean Morette.
Cité de l’image, à la douceur de vivre incomparable, Epinal mérite le détour.