Qualifiée, dans les guides touristiques, de Petite Florence du Nord, la ville de Saint-Mihiel abrite un patrimoine Renaissance exceptionnel. Mais gardons-le pour plus tard et attachons-nous d’abord à présenter un autre élément incontournable de la cité meusienne. Je veux parler de sa bibliothèque bénédictine. Elle est l’héritage de l’ancienne abbaye, fondée en 709 par le Comte Wulfoade et qui rayonna, à l’époque carolingienne, sur une bonne partie de la Lotharingie.
A l’instar de la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris, des bibliothèques du Monastère de Strahov à Prague ou de celle qui fait la réputation des Abbayes de Melk et de Saint-Gall, la Bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel renferme de véritables trésors. Deux livres, notamment, méritent notre attention : le Graduel de Saint-Mihiel, d’une part, et le livre des voyages de Dom Loupvent, d’autre part. Le premier est un recueil de chants particulièrement volumineux et orné de lettrines somptueuses, dans les hampes desquelles se cachent des personnages facétieux … C’est une merveille, qui date de la toute fin du Moyen-âge mais qui, hélas, a subi quelques pillages à une époque difficile à déterminer. Le Voyage de Dom Loupvent est un autre manuscrit, qui relate le pèlerinage que fit ce moine au début du XVIème siècle. Entre le récit s’intercalent des miniatures qui nous montrent Rhodes, les îles de Grèce, Chypre et Jérusalem. C’est une merveille de calligraphie et d’enluminure. Une machine à remonter le fil de nos rêves.
On pourrait passer des heures à détailler les ouvrages que compte la bibliothèque. Des ouvrages que seuls les chercheurs peuvent venir consulter. Le public, lui, doit se contenter d’une visite guidée et d’une consultation en ligne. Autres temps, autres mœurs. Ou quand le parchemin et l’écran d’ordinateur nous font entrer dans les couloirs du temps !